• 11 - Arrivée à San Myshuno

    La nuit avait recouvert de son manteau sombre les toits de la ville de San Myshuno. Seules les lumières provenant des différents immeubles éclairaient les rues silencieuses alentour. Au loin, on pouvait percevoir le bruit assourdi du passage des voitures...

     

    Un train venait de s'arrêter en gare. Une passagère, croulant sous le poids de ses bagages, en descendit. Elle venait à peine de poser les pieds sur le quai d'arrivée désert, qu'il redémarra dans un bruit assourdissant. Regardant les derniers wagons disparaître à l'horizon, Adeline resta quelques minutes à fixer la voie ferrée abandonnée. Il n'y avait pas un chat. Personne ne l'attendait...

     

    En désespoir de cause, ne sachant trop quoi faire ni dans quelle direction se diriger,  elle s'approcha de la rambarde d'où elle avait une vue plongeante sur le Quartier des Epices. Son patron lui avait, en effet, trouvé un appartement meublé qu'elle pourrait louer pour l'année qu'elle allait devoir passer ici. Délaissant pour un petit moment ses valises, elle en profita pour laisser vagabonder ses pensées, s'inquiétant déjà de tout ce qui allait constituer son quotidien dans  cette grande ville inconnue

     

    Une heure plus tard, accompagnée de son amie Aïlys, elle se retrouvait enfin dans le hall sombre de son immeuble. 

    - C'est pas trop tôt ! C'est franchement mal indiqué leurs rues ! Heureusement que ce gentil monsieur a pris le temps de te renseigner ! Mais regarde moi ce couloir sombre ! Tu peux pas me dire qu'il aurait pu trouver mieux ton cher boss ! Nous faire vivre dans un bouibouis, non mais je rêve ! Un auteur à succés comme toi...

    - Je t'en prie Aï, pas ce soir, s'il te plait... Je suis fatiguée pour ne pas dire crevée. Allons découvrir notre appartement. Je ne pense pas que cela puisse être aussi délabré que ça... 

    - Tu sais, il suffit qu'il ne se soit pas déplacé et ai agi par téléphone. Je te jure, cette année va être longue...

    - Merci de me remonter le moral...

    - Je suis désolée Adi, je ne voulais pas te faire de peine. Bon je descends récupérer les bagages pour me faire pardonner ! A de suite.

     

    Tandis que son amie s'occupait de rapatrier leurs affaires, Adeline découvrit leur nouveau logement en solitaire. Ce n'était pas très grand effectivement. Le mobilier y était succinct, mais dans l'ensemble, l'appartement était bien mieux que ne l'était sa maison à son arrivée à Windenberg.

    - C'est bien rose ! clama soudain Aïlys en pénétrant dans la pièce.

    - Mais non, c'est du mauve-lilas. Tu ne connais donc pas les nuances des couleurs ! C'est...

    - C'est très moche ! Oui ! Nuances ou pas, je dis, moi !

    - N'éxagères pas non plus... Bon, je file me coucher. Tu n'es pas obligée de ranger ce soir. Nous pourrons le faire demain... 

     

    Adeline enfila vite fait sa tenue de nuit puis se coucha. Elle s'endormit dès que sa tête toucha l'oreiller. Après les longues heures de trajet qu'elle venait d'effectuer, la fatigue l'avait emporté. Elle n'avait pu se reposer dans le train, puis avait très peu dormi la veille. Cela faisait même pas deux heures qu'elle se trouvait dans les bras de Morphée, qu'un vacarne assourdissant lui parvint aux oreilles, la réveillant de mauvaise humeur.

    - Aï ! Mais c'est quoi ce bruit ? Non, mais quelle cacophonie !...

    - Ah ! Tu peux parler ! Moi, cela fait déjà une demi-heure que je supporte ça ! Je me demande comment tu pouvais dormir au milieu d'un boucan pareil ! Ce sont tes "chers" voisins qui font la fiesta...

    - Mais cela ne va pas du tout !... Je m'en vais leur apprendre à respecter autrui !...

     

    Sur ces derniers mots, elle se rendit au pas de charge sur le palier où elle repéra rapidement l'appartement d'où s'échappaient des notes de "musique". Elle tambourina donc de toutes ses forces, sur la porte incriminée, espérant se faire entendre des occupants.

     

    Une femme, apparemment d'origine africaine, finit par la rejoindre sur le palier, énervée.

    - Non mais c'est une façon de taper chez les gens ? Pour qui vous prenez-vous ? Vous n'avez donc pas appris les bonnes manières ?...

    Ebahie par cette attaque inattendue de la part de sa voisine fautive, Adeline ne pipa mot pendant quelques secondes.

    - Mais tu ne vas tout de même pas te laisser insulter de la sorte par cette guenon bariolée ! C'est un comble !... Vas-y, rentres lui dans le lard !

     

    Encouragée par les propos de son amie, Adeline retrouva alors l'usage de la parole.

    - C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité ! Avez-vous idée de l'heure qu'il est pour réveiller ainsi les gens qui dorment avec un boucan pareil ? Respect envers autrui ? Parlons-en justement ! Ne venez vous pas de m'en manquer en m'agressant de la sorte, à peine sortie de chez vous ! Comment vouliez-vous que je me fasse entendre autrement avec tout le bruit que vous faites ! Je vous préviens, je viens d'arriver et je ne suis pas d'humeur ! Je suis fatiguée après mon voyage, j'aimerai donc dormir. La prochaine fois, je vous envoie la police pour tapage nocturne...

    - Excusez-moi mademoiselle. Nous sommes parties du mauvais pied. Je vous présente mes humbles excuses que je vous prie d'accepter en gage de bonne foi. Passez boire un verre un de ces jours, une fois que vous serez installée. Je serai plus que ravie de vous accueillir.

    Ne désirant tergiverser plus longtemps, Adeline la remercia puis rentra se coucher pour terminer sa nuit. 

     

    Alors qu'elle venait de se lever, Adeline se rendit au salon afin d'inspecter les titres que contenait la bibliothèque qui s'y trouvait. Soudain le téléphone sonna. Elle décrocha vite, excitée à l'idée que cela puisse être son chéri. Quand elle entendit sa voix dans le combiné, elle résonna au tréfonds d'elle, telle une mélodie douce amère.

    - ... Oh, Garrett, c'est toi ! Oui, je suis bien arrivée hier soir. Mais il était tard, comme tu t'en doutes... Non, non. Ne t'inquiètes pas. J'étais debout... Tu m'as manqué aussi. Pourras-tu te libérer pour venir ce week-end ?... L'appartement ? Oui, il est pas trop mal, tu verras. Mais es-tu sûr ? Tu ne peux vraiment pas venir ? J'avais tellement envie de te voir... Oui, je sais. Mais j'aurai terminé de déballer mes cartons avant. Je n'ai pas emporté tant que ça... Très bien, je te laisse... Merci, toi aussi. Bisous. Je t'aime.

     

    Après avoir raccroché, elle se dirigea directement vers le coin cuisine afin de préparer son petit-déjeuner. La joie l'avait quittée, après l'annonce que venait de lui faire Garrett. A peine arrivée, que déjà, ils n'auraient peut-être pas la possibilité de se voir... La tête perdue dans ses pensées, elle faisait revenir sa brouillade d'oeufs.

    - Déjà aux fourneaux ? Tu es tombée de ton lit ce matin !  Plaisanta Aïlys, ayant rejoint son amie. Avisant sa triste mine, elle s'inquiéta. Mais, tu vas bien ? Tu tires une drôle de tête ? Tu es malade ? Tu as chopé un virus au moins ? On ne sait jamais avec ces grandes cités et tout ces gens entassés...

    - Non, ce n'est rien... Je suis juste déçue, mais cela va passer. J'ai eu Garrett ce matin. Il ne peut-être pas se libérer à la fin de la semaine finalement...

    - Mince ! C'est vraiment pas de chance ! Mais, tu pourras en profiter pour écrire puis ranger tes affaires. Puis pourquoi pas améliorer l'appart en faisant un peu les boutiques, que sais-je...

    - Tu es adorable ! Merci de tenter de me remonter le moral... C'est exactement ce qu'il ma dit... Mais comprends bien que cela ne me réjouisse pas outre mesure. J'ai perdu tant de temps à le "détester" que maintenant que nous venons de nous fiancer, ce coup du sort qui nous sépare... J'en aurai été ravie, il y a quelques temps encore. Mais être séparée de lui aujourd'hui, me mine...

    - Allez, courage !...

    Lors de leur discussion, Adeline avait terminé son omelette. Elle la rangea au frigo, ayant perdu l'appétit.

     

    Aïlys avait commencé à arranger le salon, avant de la retrouver à la cuisine. Adeline se décida alors à travailler sur son roman en cours afin de s'occuper l'esprit puis de penser à autre chose. 

    - Tu sais, si tu ne manges pas, tu vas tomber malade. Tu ne devrai pas sauter de repas... Tu pourras travailler ensuite...

    - Je suis désolée mais je n'ai vraiment pas faim du tout. Ne t'inquiètes pas, je mangerai plus tard...

    - Tu me le promets ? Puis ce serait bien que tu sortes un peu explorer le quartier. Puis pourquoi pas rendre visite à la guenon qui te sert de voisine ? Elle t'a invitée à passer, cette nuit. Cela te changerai sûrement les idées...

    - Tu es gentille, mais plus tard. Je désire mettre la touche finale à mon histoire pour le moment...

    - Très bien, je te laisses donc tranquille ! Bon courage, à plus tard.

     

    Plongée dans l'écriture de son dernier livre, elle ne vit pas le temps passer. Les heures se succédèrent les unes après les autres sans qu'elle y prêta attention. Quand enfin elle leva le nez de son écran, elle constata que la nuit était sur le point de tomber. Elle n'avait pas vu la journée passer. Elle se leva donc, puis se décida à prendre un petit quelque chose afin de se remplir un peu l'estomac. Elle se força donc à avaler quelques cuillères de céréales, à une table désertée et silencieuse.

     

    Appliquant les conseils de son amie Aïlys, elle entreprit de sortir sur la place, en bas de chez elle. Elle en fit le tour, quand elle tomba sur un carton contenant des objets, dont une personne avait dû se débarrasser. Elle le fouilla, dans l'espoir d'y trouver peut-être un petit quelque chose pour égayer son domicile. Elle finit par mettre la main sur une jolie petite boule à neige, à l'effigie de San Myshuno. Cela lui ferait un souvenir, à ramener à Windenberg, plus tard.

     

    Une demi-heure plus tard, elle reprit le chemin de son immeuble, le sourire aux lèvres. Sortir prendre l'air lui avait fait du bien. Elle était maintenant curieuse de découvrir tout ce que la ville recelait de trésors, activités... Tout ce qu'elle avait à lui offrir dont Windenberg était dépourvu. Elle avait, en effet, aperçu un bar-karaoké à proximité et elle se promettait d'y aller faire un tour très prochainement.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 18 Octobre 2017 à 06:02

    Super chapitre et jolie changement de décor. Un peu trop court à mon goût. Que va-t-il lui arriver maintenant qu'elle se retrouve seule? Garett est bien loin et ne la verra pas de sitôt...

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