• 09 - Bonne, mauvaise nouvelle ?

    Deux nouvelles semaines s'étaient écoulées, au cours desquelles Adeline et Garrett avaient filé le parfait amour, sous l'égérie bienveillante d'Aïlys. Ils s'étaient vus chez l'un ou l'autre, profitant de leur amour tout neuf. Ils n'avaient cependant pas encore consommé et se contentaient, pour le moment, d'un amour platonique d'une autre époque. En effet, Garrett tenait à lui prouver qu'elle était spéciale pour lui.

     

    Ce jour-là, elle fut prête de bonne heure. Elle venait en effet de terminer un livre, qu'elle voulait envoyer à son éditeur. Elle espérait le voir devenir un best-seller, comme trois de ses prédécesseurs avant ça. Elle avait, de plus, atteint le niveau 8 de sa carrière. Bien qu'elle ne soit pas encore mondialement connue, elle touchait des droits d'auteur assez confortables qui variaient entre 4500 et 6500 simflouzs. Alors qu'elle allait commencer sa séance de danse, son téléphone sonna. Elle décrocha sans faire attention à la présentation du numéro, tout sourire, pensant entendre son amoureux qu'elle n'avait vu depuis la veille.

     

    Elle déchanta vite quand une voix nasillarde résonna à son oreille.

    La peste soit de cet homme ! Il appelle toujours aux moments les plus importuns ! Que va-t-il encore me demander d'effectuer à la dernière minute ? Je commence vraiment à en avoir plus qu'assez ! ... Je vais finir par l'envoyer se faire pendre, s'il continue à me surcharger ainsi de boulot ... Surtout qu'il ne peut se plaindre en aucune manière de la qualité de mon travail... pesta-t-elle intérieurement tout en répondant aimablement à son boss.

    - Bonjour monsieur !... Oui, bien, merci. ... Non, je n'ai pas encore eu les derniers relevés de vente... Ah ? Tant que ça ? Je ne m'étais pas rendue compte, non... Pardon ? ... Non, je n'ai pas eu l'occasion de m'y rendre encore. Je ne puis donc que vous croire sur parole... Quoi ? Non !.. Il n'y a aucune autre solution ? Vous en êtes certain ? Vous savez, je ne suis pas vraiment une citadine... Bon, très bien. Merci monsieur. Bonne fin de journée également.

     

    Après avoir raccroché, la jeune fille, assommée par la nouvelle, resta plongée dans ses pensées quelques minutes. Elle finit par se lever, effectuant ses tâches ménagères dans un état second. Elle finit par se laisser glisser contre le mur de sa chambre. C'est dans cette position qu'Aïlys la trouva quelques instants plus tard.

    - Ne me dis pas que tu t'es disputée une fois de plus avec Garrett ! L'apostropha-t-elle, avec un soupçon de résignation. Ce n'est pas la peine de faire cette tête d'enterrement ! Tu sais bien qu'il n'y a rien qu'il ne puisse te pardonner...

    - Non Aï ! Tu n'y es pas. Mon patron a appelé...

    - Rien de grave ? Il t'a virée ? Allélluia ! Tu n'as pas besoin de lui, je te l'ai déjà dit ! A nous la liberté ! Tes livres sont géniaux ! On ne risque pas de se retrouver à...

    Adeline coupa son amie qui commençait à tirer des plans sur la comète, niant une fois encore ses suppositions hasardeuses. Elle lui rapporta alors le résultat de son entretien téléphonique avec ce dernier, sans rien omettre.

    - Franchement, il le fait exprès ! s'énerva-t-elle. Non content de te faire crouler sous  une tonne de corvées, il...

    - C'est bon, Aï... Ce qui m'inquiète, moi, c'est Garrett. Comment lui annoncer la nouvelle ? Comment va-t-il réagir ? Puis s'il me quitte ? Qu'allons nous devenir, que vais-je devenir ? ...

    - Le mieux c'est de l'appeler, tu seras ainsi fixée. Cela ne sert à rien de te ronger les sangs avant d'avoir eu une discussion avec lui. Puis je suis sûre, qu'ensemble, vous trouverez une solution...

     

     

     Sur les conseils avisés de sa vieille amie, Adeline attrapa donc son téléphone puis composa le numéro de Garrett. Il décrocha au bout de trois sonneries.

    - Princesse ! Bien dormi ? Je suis désolé, mais je ne vais pas avoir beaucoup de temps à te consacrer aujourd'hui... Pour commencer, je me suis réveillé à la bourre ce matin. J'ai donc pas mal de travail à rattraper. Surtout que la pause-déjeuner va bientôt sonner. En plus de ça, j'ai un déplacement professionnel à préparer, tu te souviens ? Je t'en avais parlé... Je ne pourrai donc pas t'appeler comme d'habitude ce midi. Mais je te passe un coup de fil en débauchant, ne t'inquiètes pas.

    - Oui... Si tu veux... répondit-elle d'une petite voix, légèrement enrouée.

    - Sinon, pas trop stressée par ton patron ?  Tu es bien silencieuse aujourd'hui... Adi ? Tu es sûre que ça va ? Tu n'es pas malade au moins ?...

    - Tu ne peux vraiment pas passer avant ce soir ? Demanda-t-elle avec tristesse. J'ai vraiment besoin de te voir, te parler...

    - Tu m'inquiètes ! Cela n'a pas l'air d'aller du tout... Bon, écoutes, je fais mon maximum pour passer te voir au plus tôt. Puis tu vas me faire le plaisir d'aller te reposer et chasser cette triste mine. A tout à l'heure, Princesse. Je t'embrasse.

     

    Il ne put malheureusement pas se libérer avant 18h00. Le soleil, à l'horizon, entamait déjà sa descente. La nuit n'allait pas tarder à recouvrir la ville de son manteau noir clairsemé de petites étoiles. Adeline qui s'occupait de son jardin le vit arriver. Elle le rejoignit sur le perron, plus apaisée qu'en début d'après-midi, un sourire aux lèvres. Jardiner l'avait aidée à évacuer ses tensions, même si ses doutes sur son avenir incertain, étaient toujours présents malgré tout. 

    - Merci d'être passé... Je ne sais pas quoi faire... Je suis un peu perdue... J'avais besoin de te parler... Je... Enfin, j'ai eu mon patron au téléphone ... 

    - Princesse, calmes-toi. L'interrompit-il gentiment en s'avançant vers elle, avec l'intention de l'enlacer. On va prendre les choses dans l'ordre. Mais auparavant, dit-il, plongeant son regard dans le sien, on va se dire bonjour comme il se doit... Continua-t-il avançant ses lèvres vers les siennes.

     

    Sans plus attendre, il captura sa bouche avec passion. Il força le barrage de ses lèvres, insérant sa langue dans la profondeur de sa bouche, puis l'entremêla à la sienne pour une danse irrationnelle. Elle lui avait vraiment manqué tout au long de cette journée. Adeline, comme toujours, lorsqu'il la serrait ainsi, perdait pied. Les papillons habituels commencèrent alors leur ballet habituel dans son ventre, lui provoquant mille et une sensations de chaleur, fourmillements... Elle aurait aimé que le temps s'arrête, ne les sépare jamais plus, les immortalisant dans l'instant, telles des statues de pierre. Elle espérait qu'il ne la quitterait pas, une fois qu'elle lui aurait fait part de ses obligations professionnelles.

     

     Les deux jeunes gens se rejoignirent au parc de Willow Creek le lendemain en fin de journée. La veille, la nouvelle avait jeté un voile de tristesse sur leur relation. Garrett n'avait su quoi dire, de prime abord, à l'annonce de ce changement imminent...

    Il s'était, ensuite, un peu énervé du fait qu'elle pensât qu'il la quitterait pour une raison aussi futile, mais s'était vite radouci en constatant son inquiétude réelle. Il l'avait alors rassurée sur ses intentions. Il désirait ne pas en rester là. Il lui avait donc proposé de profiter au maximum du temps qu'il leur restait à passer ensemble, qu'ils aviseraient ensuite...

    Adeline et Garrett s'étaient installés au pied de la fontaine du parc. Le son de l'eau qui s'écoulait apaisait leurs esprits en ébullition. Lui, était pour le moment, perdu dans ses pensées.  Rien ne sortait de sa bouche. Il sentait le contact du corps d'Adeline qui venait de le rejoindre, dans son dos. 

    - Tu ne dis rien ? dit-elle tout à coup, le tirant de ses réflexions. Tu es sûr que cela va aller ?  Que...

    - Princesse, arrête de t'inquiéter... Je sais qu'il nous sera plus difficile de trouver un moyen pour nous voir aussi régulièrement qu'avant, mais nous trouverons une solution. Puis il reste le téléphone...

    - Oui... Je sais bien tout ça... Mais ce n'est pas pareil... Répondit-elle d'une petite voix découragée.

    Sans lui laisser le temps de protester, il la tira doucement par le bras afin de l'embrasser. Mais il rata sa bouche et le baiser atterrit dans son cou, provocant à nouveau dans le corps de la jeune femme, une nuée de fourmillement qu'elle dut réfreiner, vu qu'ils se trouvaient dans un lieu public.

     

     Ils décidèrent donc de s'asseoir un peu plus loin, sur un banc. Ils mirent une distance raisonnable entre eux afin de ne pas être tentés plus que nécessaire. Ils avaient encore certaines choses à mettre au point avant le grand jour... Il leur restait peu de temps pour cela.

     

     - Princesse, dis-moi... Que pense notre chère Aïlys de votre prochain déménagement dans une grande ville ? A moins que tu ne sois obligée de la laisser...

    - Non, elle m'accompagne, comme toujours... Tu penses bien...

     

     - ...Puis, tu la connais aussi bien que moi  depuis le temps !  Elle renâcle et rue dans les brancards ! Elle voue mon patron aux pires feux de l'enfer. Si jamais il avait le malheur de se retrouver en sa présence, à son insu, je ne donnerai pas cher de sa peau...

    - J'imagine bien ! S'esclaffa le jeune homme. Toujours aussi susceptible et pet-sec la demoiselle !... J'aurai bien aimé voir sa tête à ce moment là...

    - Bah, elle n'a pas réalisé tout de suite ce que cela impliquait... Car il faut bien l'avouer, j'étais loin d'être bien... Elle a surtout chercher à me remonter le moral puis m'a surtout conseillée de t'appeler et...

     

     Ne pouvant résister plus longtemps, Garrett se rapprocha d'Adeline puis la serra contre lui pour lui voler un doux baiser où il essaya de faire passer tout l'amour qu'il ressentait pour elle. Il ne savait pas encore de quoi seraient fait leurs lendemains, mais ce dont il était sûr c'est qu'elle était la femme de sa vie, son âme soeur.

    Adeline, de son côté, avait le corps en feu. Des vagues de chaleur la parcouraient malgré la douceur de son étreinte. Elle n'en pouvait plus. Il faudrait qu'elle l'amène à lui faire l'amour, ne serait-ce qu'une fois avant son départ. Elle ne voulait pas regretter, une fois seule dans cette ville inconnue, de ne pas avoir sauté le pas. 

     

     Quand il la relâcha légèrement, elle n'eut cependant pas le courage de le lui dire comme cela, de but en blanc et sortit une banalité.

    - Je sais que c'est peut-être beaucoup demandé, mais pourras-tu t'occuper de mon jardin pendant mon absence ?...


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