• La nuit avait recouvert de son manteau sombre les toits de la ville de San Myshuno. Seules les lumières provenant des différents immeubles éclairaient les rues silencieuses alentour. Au loin, on pouvait percevoir le bruit assourdi du passage des voitures...

     

    Un train venait de s'arrêter en gare. Une passagère, croulant sous le poids de ses bagages, en descendit. Elle venait à peine de poser les pieds sur le quai d'arrivée désert, qu'il redémarra dans un bruit assourdissant. Regardant les derniers wagons disparaître à l'horizon, Adeline resta quelques minutes à fixer la voie ferrée abandonnée. Il n'y avait pas un chat. Personne ne l'attendait...

     

    En désespoir de cause, ne sachant trop quoi faire ni dans quelle direction se diriger,  elle s'approcha de la rambarde d'où elle avait une vue plongeante sur le Quartier des Epices. Son patron lui avait, en effet, trouvé un appartement meublé qu'elle pourrait louer pour l'année qu'elle allait devoir passer ici. Délaissant pour un petit moment ses valises, elle en profita pour laisser vagabonder ses pensées, s'inquiétant déjà de tout ce qui allait constituer son quotidien dans  cette grande ville inconnue

     

    Une heure plus tard, accompagnée de son amie Aïlys, elle se retrouvait enfin dans le hall sombre de son immeuble. 

    - C'est pas trop tôt ! C'est franchement mal indiqué leurs rues ! Heureusement que ce gentil monsieur a pris le temps de te renseigner ! Mais regarde moi ce couloir sombre ! Tu peux pas me dire qu'il aurait pu trouver mieux ton cher boss ! Nous faire vivre dans un bouibouis, non mais je rêve ! Un auteur à succés comme toi...

    - Je t'en prie Aï, pas ce soir, s'il te plait... Je suis fatiguée pour ne pas dire crevée. Allons découvrir notre appartement. Je ne pense pas que cela puisse être aussi délabré que ça... 

    - Tu sais, il suffit qu'il ne se soit pas déplacé et ai agi par téléphone. Je te jure, cette année va être longue...

    - Merci de me remonter le moral...

    - Je suis désolée Adi, je ne voulais pas te faire de peine. Bon je descends récupérer les bagages pour me faire pardonner ! A de suite.

     

    Tandis que son amie s'occupait de rapatrier leurs affaires, Adeline découvrit leur nouveau logement en solitaire. Ce n'était pas très grand effectivement. Le mobilier y était succinct, mais dans l'ensemble, l'appartement était bien mieux que ne l'était sa maison à son arrivée à Windenberg.

    - C'est bien rose ! clama soudain Aïlys en pénétrant dans la pièce.

    - Mais non, c'est du mauve-lilas. Tu ne connais donc pas les nuances des couleurs ! C'est...

    - C'est très moche ! Oui ! Nuances ou pas, je dis, moi !

    - N'éxagères pas non plus... Bon, je file me coucher. Tu n'es pas obligée de ranger ce soir. Nous pourrons le faire demain... 

     

    Adeline enfila vite fait sa tenue de nuit puis se coucha. Elle s'endormit dès que sa tête toucha l'oreiller. Après les longues heures de trajet qu'elle venait d'effectuer, la fatigue l'avait emporté. Elle n'avait pu se reposer dans le train, puis avait très peu dormi la veille. Cela faisait même pas deux heures qu'elle se trouvait dans les bras de Morphée, qu'un vacarne assourdissant lui parvint aux oreilles, la réveillant de mauvaise humeur.

    - Aï ! Mais c'est quoi ce bruit ? Non, mais quelle cacophonie !...

    - Ah ! Tu peux parler ! Moi, cela fait déjà une demi-heure que je supporte ça ! Je me demande comment tu pouvais dormir au milieu d'un boucan pareil ! Ce sont tes "chers" voisins qui font la fiesta...

    - Mais cela ne va pas du tout !... Je m'en vais leur apprendre à respecter autrui !...

     

    Sur ces derniers mots, elle se rendit au pas de charge sur le palier où elle repéra rapidement l'appartement d'où s'échappaient des notes de "musique". Elle tambourina donc de toutes ses forces, sur la porte incriminée, espérant se faire entendre des occupants.

     

    Une femme, apparemment d'origine africaine, finit par la rejoindre sur le palier, énervée.

    - Non mais c'est une façon de taper chez les gens ? Pour qui vous prenez-vous ? Vous n'avez donc pas appris les bonnes manières ?...

    Ebahie par cette attaque inattendue de la part de sa voisine fautive, Adeline ne pipa mot pendant quelques secondes.

    - Mais tu ne vas tout de même pas te laisser insulter de la sorte par cette guenon bariolée ! C'est un comble !... Vas-y, rentres lui dans le lard !

     

    Encouragée par les propos de son amie, Adeline retrouva alors l'usage de la parole.

    - C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité ! Avez-vous idée de l'heure qu'il est pour réveiller ainsi les gens qui dorment avec un boucan pareil ? Respect envers autrui ? Parlons-en justement ! Ne venez vous pas de m'en manquer en m'agressant de la sorte, à peine sortie de chez vous ! Comment vouliez-vous que je me fasse entendre autrement avec tout le bruit que vous faites ! Je vous préviens, je viens d'arriver et je ne suis pas d'humeur ! Je suis fatiguée après mon voyage, j'aimerai donc dormir. La prochaine fois, je vous envoie la police pour tapage nocturne...

    - Excusez-moi mademoiselle. Nous sommes parties du mauvais pied. Je vous présente mes humbles excuses que je vous prie d'accepter en gage de bonne foi. Passez boire un verre un de ces jours, une fois que vous serez installée. Je serai plus que ravie de vous accueillir.

    Ne désirant tergiverser plus longtemps, Adeline la remercia puis rentra se coucher pour terminer sa nuit. 

     

    Alors qu'elle venait de se lever, Adeline se rendit au salon afin d'inspecter les titres que contenait la bibliothèque qui s'y trouvait. Soudain le téléphone sonna. Elle décrocha vite, excitée à l'idée que cela puisse être son chéri. Quand elle entendit sa voix dans le combiné, elle résonna au tréfonds d'elle, telle une mélodie douce amère.

    - ... Oh, Garrett, c'est toi ! Oui, je suis bien arrivée hier soir. Mais il était tard, comme tu t'en doutes... Non, non. Ne t'inquiètes pas. J'étais debout... Tu m'as manqué aussi. Pourras-tu te libérer pour venir ce week-end ?... L'appartement ? Oui, il est pas trop mal, tu verras. Mais es-tu sûr ? Tu ne peux vraiment pas venir ? J'avais tellement envie de te voir... Oui, je sais. Mais j'aurai terminé de déballer mes cartons avant. Je n'ai pas emporté tant que ça... Très bien, je te laisse... Merci, toi aussi. Bisous. Je t'aime.

     

    Après avoir raccroché, elle se dirigea directement vers le coin cuisine afin de préparer son petit-déjeuner. La joie l'avait quittée, après l'annonce que venait de lui faire Garrett. A peine arrivée, que déjà, ils n'auraient peut-être pas la possibilité de se voir... La tête perdue dans ses pensées, elle faisait revenir sa brouillade d'oeufs.

    - Déjà aux fourneaux ? Tu es tombée de ton lit ce matin !  Plaisanta Aïlys, ayant rejoint son amie. Avisant sa triste mine, elle s'inquiéta. Mais, tu vas bien ? Tu tires une drôle de tête ? Tu es malade ? Tu as chopé un virus au moins ? On ne sait jamais avec ces grandes cités et tout ces gens entassés...

    - Non, ce n'est rien... Je suis juste déçue, mais cela va passer. J'ai eu Garrett ce matin. Il ne peut-être pas se libérer à la fin de la semaine finalement...

    - Mince ! C'est vraiment pas de chance ! Mais, tu pourras en profiter pour écrire puis ranger tes affaires. Puis pourquoi pas améliorer l'appart en faisant un peu les boutiques, que sais-je...

    - Tu es adorable ! Merci de tenter de me remonter le moral... C'est exactement ce qu'il ma dit... Mais comprends bien que cela ne me réjouisse pas outre mesure. J'ai perdu tant de temps à le "détester" que maintenant que nous venons de nous fiancer, ce coup du sort qui nous sépare... J'en aurai été ravie, il y a quelques temps encore. Mais être séparée de lui aujourd'hui, me mine...

    - Allez, courage !...

    Lors de leur discussion, Adeline avait terminé son omelette. Elle la rangea au frigo, ayant perdu l'appétit.

     

    Aïlys avait commencé à arranger le salon, avant de la retrouver à la cuisine. Adeline se décida alors à travailler sur son roman en cours afin de s'occuper l'esprit puis de penser à autre chose. 

    - Tu sais, si tu ne manges pas, tu vas tomber malade. Tu ne devrai pas sauter de repas... Tu pourras travailler ensuite...

    - Je suis désolée mais je n'ai vraiment pas faim du tout. Ne t'inquiètes pas, je mangerai plus tard...

    - Tu me le promets ? Puis ce serait bien que tu sortes un peu explorer le quartier. Puis pourquoi pas rendre visite à la guenon qui te sert de voisine ? Elle t'a invitée à passer, cette nuit. Cela te changerai sûrement les idées...

    - Tu es gentille, mais plus tard. Je désire mettre la touche finale à mon histoire pour le moment...

    - Très bien, je te laisses donc tranquille ! Bon courage, à plus tard.

     

    Plongée dans l'écriture de son dernier livre, elle ne vit pas le temps passer. Les heures se succédèrent les unes après les autres sans qu'elle y prêta attention. Quand enfin elle leva le nez de son écran, elle constata que la nuit était sur le point de tomber. Elle n'avait pas vu la journée passer. Elle se leva donc, puis se décida à prendre un petit quelque chose afin de se remplir un peu l'estomac. Elle se força donc à avaler quelques cuillères de céréales, à une table désertée et silencieuse.

     

    Appliquant les conseils de son amie Aïlys, elle entreprit de sortir sur la place, en bas de chez elle. Elle en fit le tour, quand elle tomba sur un carton contenant des objets, dont une personne avait dû se débarrasser. Elle le fouilla, dans l'espoir d'y trouver peut-être un petit quelque chose pour égayer son domicile. Elle finit par mettre la main sur une jolie petite boule à neige, à l'effigie de San Myshuno. Cela lui ferait un souvenir, à ramener à Windenberg, plus tard.

     

    Une demi-heure plus tard, elle reprit le chemin de son immeuble, le sourire aux lèvres. Sortir prendre l'air lui avait fait du bien. Elle était maintenant curieuse de découvrir tout ce que la ville recelait de trésors, activités... Tout ce qu'elle avait à lui offrir dont Windenberg était dépourvu. Elle avait, en effet, aperçu un bar-karaoké à proximité et elle se promettait d'y aller faire un tour très prochainement.


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  • Le lendemain, après une nuit agitée, Adeline se réveilla à presque 6h du matin. Elle commença par avaler un petit-déjeuner rapide avant de s'atteler à préparer son prochain départ pour San Myshuno. Deux heures plus tard, n'en pouvant plus, puis ses inquiétudes, concernant son avenir revenant en force, elle se rendit chez Garrett. Elle le trouva prêt à partir travailler, mais il la fit tout de même entrer. Ils s'installèrent sur le sofa afin de pouvoir discuter tranquillement.

    - Désolée de te déranger si tôt mais...

    - Tu veux bien arrêter de dire des sottises ! Tu sais bien que tu ne me déranges jamais ! Le seul soucis, c'est que je vais bientôt devoir y aller... Mais cela me fait très plaisir de te voir de si bon matin...

     

    A peine eut-il prononcé ces derniers mots qu'il se rapprocha de sa dulcinée pour l'enlacer. 

    - ... Tu dois savoir qu'il m'est de plus en plus difficile de te quitter chaque soir... Je ne sais encore si je...

    - Je m'en doutes bien. Mais c'est toi qui le veut ainsi !! Il ne tiendrai qu'à moi... Tu n'as plus...

     

    Adeline ne put en dire plus. Garrett venait de capturer ses lèvres avec passion. Sa langue fouaillait dans la profondeur de sa bouche, à la recherche de la sienne, lui arrachant de petits gémissements de plaisir. Son corps en feu était traversé de petites vagues de frissons qui annihilaient en elle tout forme de volonté, la laissant pantelante de désir.

     

    Soudain, Garrett la relâcha légèrement, pour ne laisser  traîner qu'une main sur son épaule. Etonnée, ne désirant pas que cela se termine, elle tenta de l'interroger silencieusement en cherchant son regard. Mais il avait fermé les yeux, comme fatigué, une expression grave sur le visage. 

    - Princesse, je suis désolé de te laisser ainsi... Saches que c'est aussi dur pour moi que cela l'est sûrement pour toi... Mais si je peux, je prendrai mon après-midi pour le passer avec toi. Je n'ai vraiment pas envie de te quitter.

     

    Quand Garrett la rejoignit sur les coups de 13h, il eut la surprise de ne pas la trouver seule. Il tombait apparemment en pleine réception . Adeline était, d'ailleurs, en train de nettoyer un bol. A part Ryder, il ne connaissait aucune des personnes présentes. Il alla tout de même lui faire part de sa présence.

    - Salut Princesse. Comme tu vois, j'ai pu poser mon après-midi pour le passer avec toi... Mais je tombe mal apparemment. Je dérange... Je peux repasser un peu plus tard...

    - Oh Garrett ! Pas le moins du monde ! Ca va pas ! Il est hors de question que tu t'en ailles ! N'ayant pas de tes nouvelles, je ne pensais tout simplement pas te voir avant ce soir... Je suis vraiment désolée... Si j'avais su...

    - Je désirais seulement te faire une surprise... C'est réussi...

    - Je suis désolée Garrett... Je ne savais pas ! Mais tu restes ? ...

    - Si tu insistes, mais je ne connais personne...

    - T'inquiètes pas. Ils sont tous adorables. Tu n'as qu'à discuter avec eux, le temps que je termine de faire à manger. Je pensais que nous passerions notre soirée ensemble, alors je voulais leur dire au revoir... Tu comprends ? ... Tu ne m'en veux pas ? J'aurai, de loin, préféré me retrouver seule avec toi...

    Sur ces paroles, elle passa en cuisine, laissant Garrett se mélanger aux invités. Se sentant un peu mal à l'aise, il resta aux abords de la cuisine, se contentant d'observer tout un chacun. Il put voir son Adou, aux fourneaux, dans son rôle d'hôtesse. Il regrettait de ne pas l'avoir pour lui seul, alors que son départ approchait à grands pas. Il aurait dû la prévenir que son patron avait accepté de lui donner sa journée dès qu'il l'avait su...

     

    Alors que la fête battait son plein avec Adeline en cuisine, Sonia et Cassandra qui étaient au nombre des invités, s'étaient un peu éloignées afin d'avoir une petite discussion privée entre mère et fille. Ce qui ne leur était pas arrivé depuis un moment, tant leur emploi du temps divergeait.

    - Tu sais Cassie, cela me fait vraiment plaisir de te retrouver ici. Je ne savais pas que tu connaissais aussi notre hôtesse Adeline...

    - Mais que vous arrive-t-il, mère ? Jamais, vous ne m'aviez donné de diminutif auparavant...

    - Crois bien que j'en suis désolée... Mais avec le travail de ton père, nous n'avons pas le choix, nous nous devons d'agir avec bienséance en toute occasion...

     

    Garrett se reconcentra, en souriant, sur la conversation qu'avait Ryder avec sa voisine, une jeune blonde aux pointes colorées, assez mignonne du reste.

    - Si, si ! Je t'assure Candy. Adi, quand elle était petite avait...

    - Si tu le dis... Je veux bien te croire, mais...

    - Ryd ! Tu devrais avoir honte !... N'écoutes pas ce qu'il te dit Candy. Il est jaloux... Puis c'est une manière de se rendre intéressant...

    Il ne put en écouter plus... Le sourire qu'affichait son Adi en ce moment, le transperça,  lui donnant des envies d'envoyer tout le monde balader pour pouvoir l'embrasser à son aise... Tout ce qui n'était pas elle disparaissait à ses yeux dans une espèce de brouillard. 

    Soudain tiré de ses pensées par l'appel de cette dernière qui les invitait à passer à table, il se dirigea alors vers elle, puis l'entraîna à sa suite à l'étage, sous les yeux ébahis de tous, leur lançant en s'éloignant. 

    - Si vous voulez bien nous excuser, une affaire urgente nous réclame. Je vous la rend dans quelques instants. Faites comme chez vous, et bon appétit.

     

    Une fois dans la chambre, il se mit à l'embrasser avec passion, urgence, comme s'il ne devait plus la revoir. Il inséra sa main sous son top, la caressant de ses doigts, sans cesser de l'embrasser. Il parcourut son corps de sa main, remontant petit à petit jusqu'à sa poitrine. Il dégrafa son soutien-gorge sans trop de difficulté. De son autre main, il déboutonna sa jupe qui glissa à leurs pieds. Adeline était sur un petit nuage. Les mains de Garrett sur sa peau nue, déclenchaient des vagues de frissons intenses, telles des traînées de feu. Elle avait l'impression que ses jambes ne la portaient plus. Quand il lui fit passer son haut par dessus la tête, et qu'il la reprit dans ses bras, elle eut un sursaut de lucidité, malgré sa proximité, son envie de continuer. Ils étaient nus ! Elle ne savait comment il avait fait.

    - Garrett ! balbutia-t-elle avec difficulté, tandis qu'il insérait un doigt entre ses cuisses humides, lui arrachant un petit cri de surprise. Je... Nous... On pourrait nous voir...

    Alors qu'il accentuait l'insertion de son doigt dans la profondeur de sa fente, elle ne put que se raccrocher à lui, ses cheveux, le décoiffant au passage. Il la serra alors contre lui, l'embrassant comme jamais auparavant, lui arrachant des gémissements de plaisir. Elle pouvait sentir le désir qu'il avait d'elle. Son entrejambe battait contre ses lèvres, son clitoris. Elle perdit pied. Peu importe après tout. Cela faisait si longtemps qu'elle attendait, le désirait.

     

    Cependant, il finit par la relâcher. Elle ressentit comme un grand vide en elle, un froid. Elle n'eut pas le temps de l'interroger, qu'il l'attirait au fond de la pièce, parcourant son corps de son regard brûlant, avide. On aurait dit qu'il l'aurait bien dévorée, tant la flamme qui brillait dans ses yeux était intense.

    - Je suis désolé, Princesse... J'espère que je ne t'ai pas fait peur. Je sais que c'est la première fois pour toi, si tu le désires, on arrête là... Mais il...

    - Non, je veux... Enfin, je ne veux pas que tu cesses... J'ai envie de toi, je... Continues, je t'en prie... 

     

     - Tu es si belle... murmura-t-il, en lui caressant la joue. Tu es sûre ? Après il me sera difficile d'arrêter... 

    - Je suis plus que prête... Je t'aime...

    Ils ne pouvaient détacher leurs regards l'un de l'autre. Sachant qu'ils allaient passer un pas dans leur relation. Adeline était confiante. Ils étaient dans leur monde. Rien n'aurait pu les détourner de ce qui allait arriver.

     

    Garrett s'assit alors sur le lit puis l'attira à lui, la caressant de ses mains. Partout. Il prit alors l'un de ses seins entre ses doigts  puis se mit à en agacer le têton qui pointait fièrement avant de l'aspirer dans sa bouche tandis que de son autre main il l'asseyait sur lui. En ayant terminé avec le premier, il passa à l'autre sein qu'il aspira goulûment entre ses lèvres. Adeline ne put retenir ses gémissements, tant le plaisir que lui procurait Garrett était fort. Ne pouvant remettre plus longtemps le moment de la posséder, il tira la couverture sur leurs corps maintenant allongés. Il se positionna au dessus d'elle puis la pénétra d'un coup de reins puissant tout en  l'embrassant avec passion, pour étouffer son cri de douleur.

    - Je suis désolé mon Adi... lui souffla-t-il alors à l'oreille, immobile. Je sais que cela peut faire mal  la première fois, mais je ne peux faire autrement... Cela passera. C'est ainsi les premières fois. Désolé, mais je ne pourrai rester longtemps ainsi, j'ai tant envie de toi, mais je...

    La douleur ressentie lors de la pénétration s'estompait petit à petit. Adeline lui murmura donc son consentement.

    - J'ai presque plus mal... Je t'en supplies, ne fais pas attention à moi... J'ai confiance en toi.  Je veux t'appartenir entièrement. Fais de moi une femme... 

    A ces mots, il entama alors un mouvement de va et vient d'abord lent, ne voulant pas la blesser, puis de plus en plus rapide, tant son envie d'elle était infinie. Il était ailleurs. Jamais il n'avait connu une telle plénitude physique avec une autre. Adeline, quant à elle, commençait à ressentir des vagues de chaleur la parcourir, tendant vers un but inconnu. Les papillons de son ventre recommençaient leur danse, en accord avec les coups de butoir de son amant. 

     

    Soudain, il se raidit, se vida en elle puis la recouvrant de son corps, il s'endormit. Les draps qui les recouvraient avaient bougé lors de leurs ébats. Ils se retrouvaient donc au dessus. Ne pouvant se libérer complètement, et ne le désirant pas, elle finit par le rejoindre dans le sommeil. Serrés l'un contre l'autre, ils dormaient, sereins.

     

    Elle se réveilla deux heures plus tard, à ses côtés. Elle entendait des éclats de voix provenant du rez-de-chausée. Soudain honteuse, elle prit appui sur son bras, puis tenta de réveiller Garrett. Qu'allaient dire les invités ? Il ouvrit les yeux, surpris, ne sachant plus où il se trouvait. Quand il aperçut Adeline, il lui sourit tendrement.

    - Je suis désolé Princesse. Je n'aurai pas dû m'endormir ainsi... J'espère que je ne t'ai pas trop fait mal, ni trop malmenée... J'attendais cet instant depuis si longtemps que je m'en voudrais de l'avoir gâché comme un collégien n'y...

    - Ne t'inquiètes pas. C'était pas si mal... J'ai bien aimé... Mais...

    - Bien aimé ? Oh, ma chérie ! Si je ne t'aimais déjà comme un fou, je crois bien que tu volerai mon coeur en cet instant... Tu verras, la prochaine fois, tu ne diras plus ça...

    - Garrett, j'ai affreusement honte... Nous nous sommes endormis tout à l'heure. Mes invités sont toujours là. Cela fait plus de deux heures que je les délaisse maintenant. Cela ne se fait pas... Que vont-ils penser...

    - Ne t'inquiètes pas. Je m'en occupe, si tu veux. Vu que c'est de ma faute... Je me charge de les rapatrier chez eux. Toi, tu te reposes, puis tu termines tes bagages. On se rejoint chez moi dans quelques heures, voire ce soir. Nous avons à discuter avant ton départ de demain...

    - Merci. Je dois avouer que je suis encore assez fatiguée...

     

    Après s'être rhabillé, il descendit donc rejoindre les invités, qui ne furent pas vraiment dupes de ses excuses, trouvées à la dernière minute, il est vrai. Ils se dirigeaient tous vers l'entrée quand Ryder, passant à son niveau, lui glissa avec une colère contenue.

    - Tu la fait souffrir, tu auras à en répondre devant moi. Je sais ce que vous avez fait tous les deux. Tu l'as enfin faite tienne ! Quand tu en auras fini de jouer avec elle, je la récupérerai. Je sais que cela arrivera un jour ou l'autre. Tu ne peux te contenter d'une seule. Mais saches, qu'en agissant ainsi, tu m'auras sur le dos. Même si au final, cela m'arrange. Tu paieras de l'avoir fait souffrir tout ce temps.

    Puis tournant les talons, il sortit, suivi de Candy et des autres qui avaient fait semblant de ne rien voir, entendre.

     

    En fin d'après-midi, alors qu'elle venait de se réveiller, Adeline, après avoir pris une douche rapide, se rendit de nouveau chez son amant. Possédant le double de sa clé, elle le rejoignit directement dans la cuisine. Il était en pyjama. Bien qu'il ne soit pas aussi apprêté qu'à son habitude, elle le trouva tout aussi beau... Il venait de remplir le lave-vaisselle. Quand il se retourna, il croisa son regard bienveillant, posé sur lui.

    - Oh, Princesse. Tu es enfin là ! Désolé de te recevoir dans cette tenue... Comme tu vois, je me suis moi-même reposé à mon retour. Je suis loin d'être aussi beau que toi.

    - Veux-tu arrêter de dire des bêtises ! Peu m'importe ta tenue ! Puis, tu es encore plus beau quand tu n'as rien. Finit-elle par lâcher timidement.

     

     - Oh, Adi ! Ne serais-tu pas en train de prendre goût à nos ébats... Tu m'as manqué, je n'ose imaginer comment je supporterai ton absence à partir de demain...

    Puis ne pouvant résister davantage, il l'attrapa par surprise afin de l'embrasser langoureusement, tout en lui faisant effectuer une petite pirouette de danse.

     

    Quand il la relâcha enfin, il ne lui laissa pas le temps de réagir. Il s'agenouilla, à ses pieds, sous son regard surpris.

    - Garrett, que fais-tu ? Veux-tu bien te relever, voyons...

    - Princesse, mon Adi ! Depuis que je te connais ma vie a changé ! Je ne m'en suis pas rendu compte de suite, mais même lorsque tu avais 3 ans, je ne pouvais m'empêcher de te trouver un visage de madonne. Je t'aime depuis ce fameux jour où tu es entrée dans ma vie, qu'il n'y avait que moi seul pour calmer tes pleurs. Bien sûr, mes sentiments ont évolué avec le temps, tout en grandissant. Aujourd'hui, je suis fou amoureux de toi. Je ne conçois plus ma vie loin de toi, sans toi. Certes, nous nous sommes éloignés un certain temps, et tu n'es pas la première que j'ai connue physiquement, intimement, mais je désire que tu sois la dernière. J'aurai aimé faire ma demande dans un endroit autre, t'emmener dans un restaurant... J'ai bien conscience que je te prends un peu de court, mais je ne voulais pas te laisser partir sans te l'avoir faite. Mon amour, veux-tu faire de moi l'homme le plus heureux de ce monde ? Epouse-moi...

    Adeline, qui n'avait pu ouvrir la bouche tout au long de la déclaration de son amoureux, tant elle était émue, ne put lui répondre tant l'émotion lui coupait la parole. Elle se contenta donc d'accepter la bague. Elle l'admira quelques secondes avant qu'il ne la lui reprenne puis la lui passe au doigt.

     

    Heureuse, et ne pouvant contenir sa joie plus longtemps, elle lui sauta dans les bras. Garrett eut tout juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne tombe et ne se fasse  mal.

    - Ma puce, tu aurais pu prévenir... Imagine si tu t'étais fait mal ? Ou pire, si je n'avais pu te retenir ?

    - Je suis sûre que je ne risque rien avec toi. Je t'aime tellement moi aussi, Garrett. Je m'en veux tellement d'avoir perdu autant de temps à être aveugle...

     

    Garrett se mit à la bercer doucement, avant de la serrer contre lui.

    - Ma chérie, ne pensons plus au passé. Ce qui compte, je crois, c'est que nous soyons enfin réunis aujourd'hui. Ne pensons pas, non plus, à notre séparation de demain. Si tu es d'accord, reste avec moi ce soir. Restons ensemble, afin de fêter nos fiançailles en tête à tête et de profiter au maximum des dernières heures qui nous restent avant ton départ. Je t'accompagnerai à la gare demain après que nous soyons passés récupérer tes affaires. Tu es d'accord ?

    - Oh ! Je ne veux plus partir ! Demandes moi de rester...

    - Ma chérie, voyons, ce n'est pas la dernière nuit que nous passons ensemble, je t'en fait la promesse. Ne crois pas que ton départ me réjouisse... Allons, viens. Ne perdons pas de temps. Allons dans ma chambre.

     

    A peine eût-il franchi la porte, en compagnie de sa fiancée, qu'il la ferma à double tour, sous ses grands yeux bruns, afin qu'ils ne soient pas dérangés. Ceci fait, il la serra contre son torse puis captura ses lèvres avec passion, ne pouvant se rassasier de la fraîcheur de sa bouche. Ils finirent par se déshabiller l'un l'autre, avec frénésie, pressés se retrouver...

     

    Ils s'allongèrent sur le lit, aussi nus que des nouveaux nés. Garrett tint parole. Il prit son temps, cette fois-ci, de la préparer à le recevoir plus longuement. Même si à l'humidité qu'il sentait sous ses doigts, il la savait prête, il désirait l'entendre crier sa jouissance. Il voulait y aller doucement. Quand tous deux ne purent attendre plus longtemps, il ouvrit le premier tiroir de la table de nuit, puis passa le préservatif sur son membre érigé et dur. Ensuite, il entama l'éternelle danse de l'amour avec son amante, en la pénétrant avec force, enthousiasme. La nuit fut courte pour nos deux amoureux. Ils dormirent très peu, ne pouvant se rassasier l'un de l'autre. Ils ne s'endormirent qu'aux premières lueurs de l'aube, alors que le soleil entamait sa montée dans le ciel. La journée qui s'annonçait n'allait pas être de tout repos....


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  • Deux nouvelles semaines s'étaient écoulées, au cours desquelles Adeline et Garrett avaient filé le parfait amour, sous l'égérie bienveillante d'Aïlys. Ils s'étaient vus chez l'un ou l'autre, profitant de leur amour tout neuf. Ils n'avaient cependant pas encore consommé et se contentaient, pour le moment, d'un amour platonique d'une autre époque. En effet, Garrett tenait à lui prouver qu'elle était spéciale pour lui.

     

    Ce jour-là, elle fut prête de bonne heure. Elle venait en effet de terminer un livre, qu'elle voulait envoyer à son éditeur. Elle espérait le voir devenir un best-seller, comme trois de ses prédécesseurs avant ça. Elle avait, de plus, atteint le niveau 8 de sa carrière. Bien qu'elle ne soit pas encore mondialement connue, elle touchait des droits d'auteur assez confortables qui variaient entre 4500 et 6500 simflouzs. Alors qu'elle allait commencer sa séance de danse, son téléphone sonna. Elle décrocha sans faire attention à la présentation du numéro, tout sourire, pensant entendre son amoureux qu'elle n'avait vu depuis la veille.

     

    Elle déchanta vite quand une voix nasillarde résonna à son oreille.

    La peste soit de cet homme ! Il appelle toujours aux moments les plus importuns ! Que va-t-il encore me demander d'effectuer à la dernière minute ? Je commence vraiment à en avoir plus qu'assez ! ... Je vais finir par l'envoyer se faire pendre, s'il continue à me surcharger ainsi de boulot ... Surtout qu'il ne peut se plaindre en aucune manière de la qualité de mon travail... pesta-t-elle intérieurement tout en répondant aimablement à son boss.

    - Bonjour monsieur !... Oui, bien, merci. ... Non, je n'ai pas encore eu les derniers relevés de vente... Ah ? Tant que ça ? Je ne m'étais pas rendue compte, non... Pardon ? ... Non, je n'ai pas eu l'occasion de m'y rendre encore. Je ne puis donc que vous croire sur parole... Quoi ? Non !.. Il n'y a aucune autre solution ? Vous en êtes certain ? Vous savez, je ne suis pas vraiment une citadine... Bon, très bien. Merci monsieur. Bonne fin de journée également.

     

    Après avoir raccroché, la jeune fille, assommée par la nouvelle, resta plongée dans ses pensées quelques minutes. Elle finit par se lever, effectuant ses tâches ménagères dans un état second. Elle finit par se laisser glisser contre le mur de sa chambre. C'est dans cette position qu'Aïlys la trouva quelques instants plus tard.

    - Ne me dis pas que tu t'es disputée une fois de plus avec Garrett ! L'apostropha-t-elle, avec un soupçon de résignation. Ce n'est pas la peine de faire cette tête d'enterrement ! Tu sais bien qu'il n'y a rien qu'il ne puisse te pardonner...

    - Non Aï ! Tu n'y es pas. Mon patron a appelé...

    - Rien de grave ? Il t'a virée ? Allélluia ! Tu n'as pas besoin de lui, je te l'ai déjà dit ! A nous la liberté ! Tes livres sont géniaux ! On ne risque pas de se retrouver à...

    Adeline coupa son amie qui commençait à tirer des plans sur la comète, niant une fois encore ses suppositions hasardeuses. Elle lui rapporta alors le résultat de son entretien téléphonique avec ce dernier, sans rien omettre.

    - Franchement, il le fait exprès ! s'énerva-t-elle. Non content de te faire crouler sous  une tonne de corvées, il...

    - C'est bon, Aï... Ce qui m'inquiète, moi, c'est Garrett. Comment lui annoncer la nouvelle ? Comment va-t-il réagir ? Puis s'il me quitte ? Qu'allons nous devenir, que vais-je devenir ? ...

    - Le mieux c'est de l'appeler, tu seras ainsi fixée. Cela ne sert à rien de te ronger les sangs avant d'avoir eu une discussion avec lui. Puis je suis sûre, qu'ensemble, vous trouverez une solution...

     

     

     Sur les conseils avisés de sa vieille amie, Adeline attrapa donc son téléphone puis composa le numéro de Garrett. Il décrocha au bout de trois sonneries.

    - Princesse ! Bien dormi ? Je suis désolé, mais je ne vais pas avoir beaucoup de temps à te consacrer aujourd'hui... Pour commencer, je me suis réveillé à la bourre ce matin. J'ai donc pas mal de travail à rattraper. Surtout que la pause-déjeuner va bientôt sonner. En plus de ça, j'ai un déplacement professionnel à préparer, tu te souviens ? Je t'en avais parlé... Je ne pourrai donc pas t'appeler comme d'habitude ce midi. Mais je te passe un coup de fil en débauchant, ne t'inquiètes pas.

    - Oui... Si tu veux... répondit-elle d'une petite voix, légèrement enrouée.

    - Sinon, pas trop stressée par ton patron ?  Tu es bien silencieuse aujourd'hui... Adi ? Tu es sûre que ça va ? Tu n'es pas malade au moins ?...

    - Tu ne peux vraiment pas passer avant ce soir ? Demanda-t-elle avec tristesse. J'ai vraiment besoin de te voir, te parler...

    - Tu m'inquiètes ! Cela n'a pas l'air d'aller du tout... Bon, écoutes, je fais mon maximum pour passer te voir au plus tôt. Puis tu vas me faire le plaisir d'aller te reposer et chasser cette triste mine. A tout à l'heure, Princesse. Je t'embrasse.

     

    Il ne put malheureusement pas se libérer avant 18h00. Le soleil, à l'horizon, entamait déjà sa descente. La nuit n'allait pas tarder à recouvrir la ville de son manteau noir clairsemé de petites étoiles. Adeline qui s'occupait de son jardin le vit arriver. Elle le rejoignit sur le perron, plus apaisée qu'en début d'après-midi, un sourire aux lèvres. Jardiner l'avait aidée à évacuer ses tensions, même si ses doutes sur son avenir incertain, étaient toujours présents malgré tout. 

    - Merci d'être passé... Je ne sais pas quoi faire... Je suis un peu perdue... J'avais besoin de te parler... Je... Enfin, j'ai eu mon patron au téléphone ... 

    - Princesse, calmes-toi. L'interrompit-il gentiment en s'avançant vers elle, avec l'intention de l'enlacer. On va prendre les choses dans l'ordre. Mais auparavant, dit-il, plongeant son regard dans le sien, on va se dire bonjour comme il se doit... Continua-t-il avançant ses lèvres vers les siennes.

     

    Sans plus attendre, il captura sa bouche avec passion. Il força le barrage de ses lèvres, insérant sa langue dans la profondeur de sa bouche, puis l'entremêla à la sienne pour une danse irrationnelle. Elle lui avait vraiment manqué tout au long de cette journée. Adeline, comme toujours, lorsqu'il la serrait ainsi, perdait pied. Les papillons habituels commencèrent alors leur ballet habituel dans son ventre, lui provoquant mille et une sensations de chaleur, fourmillements... Elle aurait aimé que le temps s'arrête, ne les sépare jamais plus, les immortalisant dans l'instant, telles des statues de pierre. Elle espérait qu'il ne la quitterait pas, une fois qu'elle lui aurait fait part de ses obligations professionnelles.

     

     Les deux jeunes gens se rejoignirent au parc de Willow Creek le lendemain en fin de journée. La veille, la nouvelle avait jeté un voile de tristesse sur leur relation. Garrett n'avait su quoi dire, de prime abord, à l'annonce de ce changement imminent...

    Il s'était, ensuite, un peu énervé du fait qu'elle pensât qu'il la quitterait pour une raison aussi futile, mais s'était vite radouci en constatant son inquiétude réelle. Il l'avait alors rassurée sur ses intentions. Il désirait ne pas en rester là. Il lui avait donc proposé de profiter au maximum du temps qu'il leur restait à passer ensemble, qu'ils aviseraient ensuite...

    Adeline et Garrett s'étaient installés au pied de la fontaine du parc. Le son de l'eau qui s'écoulait apaisait leurs esprits en ébullition. Lui, était pour le moment, perdu dans ses pensées.  Rien ne sortait de sa bouche. Il sentait le contact du corps d'Adeline qui venait de le rejoindre, dans son dos. 

    - Tu ne dis rien ? dit-elle tout à coup, le tirant de ses réflexions. Tu es sûr que cela va aller ?  Que...

    - Princesse, arrête de t'inquiéter... Je sais qu'il nous sera plus difficile de trouver un moyen pour nous voir aussi régulièrement qu'avant, mais nous trouverons une solution. Puis il reste le téléphone...

    - Oui... Je sais bien tout ça... Mais ce n'est pas pareil... Répondit-elle d'une petite voix découragée.

    Sans lui laisser le temps de protester, il la tira doucement par le bras afin de l'embrasser. Mais il rata sa bouche et le baiser atterrit dans son cou, provocant à nouveau dans le corps de la jeune femme, une nuée de fourmillement qu'elle dut réfreiner, vu qu'ils se trouvaient dans un lieu public.

     

     Ils décidèrent donc de s'asseoir un peu plus loin, sur un banc. Ils mirent une distance raisonnable entre eux afin de ne pas être tentés plus que nécessaire. Ils avaient encore certaines choses à mettre au point avant le grand jour... Il leur restait peu de temps pour cela.

     

     - Princesse, dis-moi... Que pense notre chère Aïlys de votre prochain déménagement dans une grande ville ? A moins que tu ne sois obligée de la laisser...

    - Non, elle m'accompagne, comme toujours... Tu penses bien...

     

     - ...Puis, tu la connais aussi bien que moi  depuis le temps !  Elle renâcle et rue dans les brancards ! Elle voue mon patron aux pires feux de l'enfer. Si jamais il avait le malheur de se retrouver en sa présence, à son insu, je ne donnerai pas cher de sa peau...

    - J'imagine bien ! S'esclaffa le jeune homme. Toujours aussi susceptible et pet-sec la demoiselle !... J'aurai bien aimé voir sa tête à ce moment là...

    - Bah, elle n'a pas réalisé tout de suite ce que cela impliquait... Car il faut bien l'avouer, j'étais loin d'être bien... Elle a surtout chercher à me remonter le moral puis m'a surtout conseillée de t'appeler et...

     

     Ne pouvant résister plus longtemps, Garrett se rapprocha d'Adeline puis la serra contre lui pour lui voler un doux baiser où il essaya de faire passer tout l'amour qu'il ressentait pour elle. Il ne savait pas encore de quoi seraient fait leurs lendemains, mais ce dont il était sûr c'est qu'elle était la femme de sa vie, son âme soeur.

    Adeline, de son côté, avait le corps en feu. Des vagues de chaleur la parcouraient malgré la douceur de son étreinte. Elle n'en pouvait plus. Il faudrait qu'elle l'amène à lui faire l'amour, ne serait-ce qu'une fois avant son départ. Elle ne voulait pas regretter, une fois seule dans cette ville inconnue, de ne pas avoir sauté le pas. 

     

     Quand il la relâcha légèrement, elle n'eut cependant pas le courage de le lui dire comme cela, de but en blanc et sortit une banalité.

    - Je sais que c'est peut-être beaucoup demandé, mais pourras-tu t'occuper de mon jardin pendant mon absence ?...


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  • Cela faisait maintenant environ deux semaines que Garrett et Adeline s'étaient réconciliés, pour son plus grand plaisir. Elle les avait surpris sur le seuil ce soir-là, alors qu'elle avait laissé Adeline, seule en sa compagnie, prendre sa décision.

    Le jeune homme l'avait apparemment raccompagnée, signe qu'il devait lui avoir pardonné. Quand elle les avait vu s'embrasser, elle avait donc été tout à fait rassurée. Elle espérait que rien ne viendrait dorénavant troubler leur bonheur tout neuf. Et surtout pas ce Ryder, qu'elle appréciait de moins en moins.

    Elle croisait les doigts, priant pour qu'Adi ne se laissât pas avoir. Il y en allait de la félicité au seing de son couple.

    Néanmoins, elle était fière de sa protégée qui avait encore eu une promotion tout récemment. C'était la 7e déjà. Si elle continuait comme ça, elle allait pouvoir atteindre le sommet de sa carrière en un rien de temps.

    Il ne lui resterait plus qu'à fonder la famille dont elle rêvait depuis toujours, mais cela aussi était en bonne voie... Sa mission auprès d'elle, malheureusement, touchait à sa fin...

    Garrett, même s'il n'avait pu venir la voir beaucoup ces derniers jours, suite à un déplacement professionnel, l'avait appelée régulièrement et elle avait pu constater le bonheur de la jeune femme à chacun de ses coups de fil. 

     

    Adeline rejoignit son chéri dans le centre-ville. Il l'avait appelée un peu plus tôt pour lui fixer un rendez-vous.

    Elle allait enfin pouvoir le revoir. Il lui avait tellement manqué, tout au long de son absence, qu'elle n'avait pratiquement plus de doutes sur leur relation, leur futur. Il était tellement patient, doux, attentionné avec elle qu'elle s'en voulait d'avoir été aveugle au point d'avoir perdu tant d'années à le fuir...

    Maintenant, c'était Ryder qui l'inquiétait. Bien qu'elle ait énormément d'affection pour lui, elle ne voulait pas le faire souffrir. Elle ne savait comment lui annoncer qu'il perdrait dorénavanr son temps à tenter de la conquérir.

    Garrett la tira de ses pensées en s'arrêtant brusquement au niveau d'un café. Il l'attira à lui, puis l'enlaça.

    - Tu m'as l'air bien songeuse, Princesse... Il y a quelque chose qui te tracasse ? S'inquiéta-t-il.

     

    Puis ne pouvant attendre plus longtemps, il captura ses lèvres dans un baiser langoureux. Il força le barrage de ses lèvres et entremêla sa langue à la sienne pour une danse sensuelle.

    Il ne savait pas s'il pourrait résister encore bien longtemps à ne pas la faire sienne, ne pas lui faire l'amour. La sentir si proche était, à chaque fois une torture plus intense car il s'était promis de ne pas la toucher avant qu'elle ne soit complètement sûre d'elle, prête à l'accepter....

    Le plus dur, c'était qu'il la sentait encore indécise, bien qu'elle s'adoucisse à son égard et qu'elle lui ai enfin avoué l'aimer. 

     

    Mettant fin à leur baiser, il la garda un moment de plus, serrée contre lui.

    - Ma douce, je vois bien que tu es soucieuse... J'aimerai tant que tu t'ouvres à moi. Tu m'a avoué tes sentiments, et j'en suis très heureux... Mais tu restes encore secrète sur ces choses... Je suis là pour toi, tu sais. Tu peux tout me dire...

    - Je sais... C'est juste que c'est compliqué. Je me suis plus ou moins mise dans cette situation toute seule, c'est donc à moi de m'en sortir. Tu comprends ? Tu ne m'en veux pas ? Je ne voudrai pas te blesser...

    - Bien sûr que je ne t'en veux pas. Mais mets-toi aussi un peu à ma place. J'ai l'impression de ne pas être aussi important pour toi que tu l'es pour moi...

    - Je suis désolée de t'avoir donné à penser ça... Je t'assures que ce n'est pas vrai. Tu te fais des idées... Je... J'ai juste encore quelques détails dans ma vie à...

    - Princesse, tu n'as pas à te justifier. Je te faisais juste part de mon ressenti. Sinon cela te dirait-il d'aller boire un café ou autre chose, ici ?

     

     - Garrett, je suis vraiment désolée que tu penses que tu ne comptes pas vraiment à... commença Adeline, une fois qu'ils furent installés, attendant que l'on vint prendre leurs commandes.

    - N'en parlons plus. Ce n'est pas très important. Juste mes états d'âme qui me...

     

    - C'est très important pour moi au contraire. Je veux que tu saches que je vais faire des efforts... Mais ce qui m'inquiétait tout à l'heure... Et bien... est dû à une situation que j'ai provoquée. J'aimerai la régler sans que tu n'aies à intervenir car je m'en sens un petit peu responsable... Je ne voudrais pas, en t'en parlant que tu te fasses de fausses idées ou n'imagine...

     

    - Il s'agit de Ryder, n'est-ce-pas ?...

    - Bon, ce serveur il arrive prendre nos commandes ou c'est pour demain ! s'exclama Adeline, se penchant essayant d'apercevoir où ce dernier en était, sous les yeux amusés de Garrett.

    - ... Ma douce ! Tu es tellement prévisible. Tu serais bien incapable de me mentir. Tu crois que c'est en changeant de sujet que je laisserai tomber ? Tu tentes juste de noyer le poisson en gagnant du temps...

     

    - Qui ne tente rien n'a rien ! Répondit-elle en lui lançant un magnifique sourire. Au moins j'aurai essayé...

    - Tu es magnifique Princesse. ton sourire... Tu n'en as peut-être pas conscience mais il me fait un effet... Je vais être beau joueur, je ne vais pas t'embêter plus longtemps avec ça. J'ai confiance en toi, puis je sais qu'il s'agit de Ryder. Tu n'oses m'en parler par peur que je doutes de toi. Mais tu n'as aucun soucis à te faire à ce sujet...

     

    - Je suis si transparente que ça ? Comment as-tu deviné ?...

    - Princesse, je sais que tu ne pourrais me mentir pour la simple et bonne raison que tu as changé vis à vis de moi. Le jour où tu auras quelque chose à me dire tu ne m'enverras pas le faire dire.Tu me renverras aux gémonies, tout comme autrefois.

    - Tu es sûr ? Le taquina-t-elle. Je pourrais tout aussi bien me jouer de toi afin de te faire payer ton comportement passé envers moi. Je pourrai te faire croire que j'ai des sentiments et te laisser tomber ensuite, une fois que j'aurai obtenu vengeance... 

    - Je ne penses pas. Tu n'es pas une femme vénale. Puis si ce n'était que ça, nous serions déjà passé au lit, Princesse...

     

    Le serveur finit par venir prendre leurs consommations. Il mit moins de temps pour les leur apporter qu'il n'en avait mis pour les noter.

    Garrett et Adeline passèrent un agréable moment à plaisanter puis discuter de choses  et d'autres. La jeune femme dut cependant  se rendre aux toilettes, laissant son amoureux seul.

    Quand elle eût fait son affaire, elle sortit de la pièce. Elle tomba, surprise, nez à nez avec Garrett dans le couloir. Elle n'eût pas le temps d'ouvrir la bouche que ce dernier s'expliquait déjà.

    - Ah, te voilà ! Je m'inquiétais de ne pas te voir revenir. J'ai pensé un instant que tu avais dû rentrer pour une raison quelconque ou que tu t'étais peut-être fait accostée par un sale type dont tu n'arriverai peut-être pas à te défaire...

     

    - J'aurai tout aussi bien pu me faire enlever par des martiens de passage qui m'auraient proposer un tour dans leur soucoupe volante... Plaisanta-t-elle, un large sourire éclairant son visage, devant un Garrett présentant une mine sceptique.

     

    - ... C'est bon. J'arrête de te taquiner. Nous descendons ?

    - Je ne sais pas. Peut-être pourrions-nous rester à l'abri des regards indiscrets un instant, et en profiter un peu pour se câliner. Tu es si belle ce soir que j'ai vraiment du mal à te résister...

     

    - Tu es vraiment incorrigible ! s'exclama-t-elle tout en se dirigeant vers les escaliers.

    - Tu en es vraiment certaine ? insista Garrett, avec un petit sourire encourageant, les yeux plein d'espoir. Je ne vais pas te prendre comme un sauvage, n'aie crainte. Si c'est cela qui t'inquiètes. Je parlais juste d'un petit câlin en tout bien tout honneur...

    Adeline n'attendit pas la fin de sa phrase pour entamer la descente des escaliers devant elle. Elle ne pouvait se permettre de rester plus longtemps seule en sa compagnie, sinon elle finirait par lui céder.

    Sa proposition la tentait tellement... Il suffisait qu'il soit à ses côtés pour que son corps soit parcouru de fourmillements. Il lui était très difficile de faire preuve de lucidité, bienséance en sa présence plus que troublante...

     

     Garrett finit par la rejoindre sur le fauteuil quelques minutes plus tard.

    - Qu'est-ce qui t'a retenu tout ce temps ? Je pensais que tu me suivais...

    - Dois-je vraiment répondre à cette question ? lui demanda-t-il.

    Avisant son regard interrogateur levé vers lui, il ne put s'empêcher de l'éclairer.

    - Eh bien, j'ai dû attendre d'être à nouveau présentable avant de pouvoir...

    - Mais tu l'es toujours ! dit-elle ne comprenant pas s'il se moquait d'elle ou non. Soudain ses yeux s'écarquillèrent. Elle venait de saisir l'allusion.

    Mais au lieu de la choquer, cette révélation intensifia les fourmillements parcourant son corps par vagues lui faisant éprouver une sensation de chaleur...

    Garrett, lisant comme dans un livre ouvert ses émotions sur son visage de madone italienne, sentit une bouffée de désir le traverser puis raidir son entrejambe.

    - Princesse, je crois qu'il est temps que je te raccompagne, à moins que tu ne veuilles terminer couchée sur cette table basse.

    Ils quittèrent donc le café après avoir payé leurs consos. Chemin faisant, ils ne pouvaient s'empêcher de se toucher, s'embrasser... Ce qui rallongea drôlement le temps qu'ils mirent à effectuer le trajet.

     

    Le lendemain, Adeline appela Ryder afin de lui fixer un rendez-vous. Elle ne voulait plus attendre. Elle désirait mettre les choses rapidement au clair avec lui, afin de se sentir enfin libre de vivre sa relation avec Garrett en toute sérénité.

    Il la rejoignit donc aux falaises où ils avaient convenu de se voir. A peine, fut-il à quelques mètres d'elle, qu'elle l'apostropha.

    - Bonjour Ryd ! Merci d'être venu aussi vite... Enfin, de t'être libéré...

    - Salut ma belle ! Pas besoin de me remercier, c'est normal. Puis que ne ferais-je pas pour toi...

    Gênée, Adeline ne savait comment mener la conversation au sujet qu'elle désirait  aborder avec lui.

     

     Contre toute attente, afin de se donner contenance, elle se changea et mit son maillot de bain. Elle savait qu'elle cherchait à gagner un peu de temps par ce biais. Une fois au bord de l'eau, elle s'adressa à son ami.

    - Ryd, tu es sûr que tu ne veux pas te changer ? Je me sens un peu bête à être assise là, toute seule à te regarder d'en bas...

    - Bon puisque tu insistes... Mais c'est bien parce que c'est toi.

     

     A peine eût-il pris place, qu'elle se lança sans plus tergiverser.

    - Ryd ! Tu te souviens qu'au téléphone, je t'ai dis que j'avais à te parler... Que c'était important pour moi...

    - Oui, alors quelle est cette chose dont tu fais tant de mystère, dont tu ne pouvais me faire part par téléphone ?

    - J'espère que nous pourrons rester amis...

    - Mais pourquoi tu me dis ça ???... C'est grave ! Tu me connais depuis pas mal de temps, où veux-tu en venir ?

    Coupée dans son aveu, Adeline ne put que regarder, dépitée, le jeune homme se rhabiller. Ne voulant pas qu'il parte avant qu'elle n'ait pu lui parler, elle remit, elle aussi ses habits qui étaient éparpillés non loin de là.

     

    - Ryd ! Attends ! Je n'ai pas fini ! Ne pars pas !... S'il te plait ! L'interpella-t-elle en lui courant après.

    Il finit par s'arrêter, curieux de connaître ce qu'elle avait à lui dire de si important, bien qu'il s'en doutât fortement.

    - Bon, vas-y je t'écoute sans t'interrompre cette fois.

    Merci de m'avoir attendue... Voilà... Comme je ne sais comment te le dire, je vais y aller franchement... Je ne veux pas que tu continues tes approches... Enfin, je ne veux plus que tu essaies de me conquérir, de me draguer...

    - C'est Garrett ! C'est ça ! La coupa-t-il, tendu, serrant les poings.

    - Oui... Je désire voir sérieusement comment cela peut se passer entre nous... Aller ! s'exclama-t-elle devant sa mine déconfite. Tu ne vas pas me faire la tête ? Tenta-t-elle de le dérider en lui faisant un pauvre sourire triste. Tu sais, je t'apprécies énormément en tant qu'ami... Mais je suis amoureuse de Garrett. Sois heureux pour moi, s'il te plaît...

    - Je suis désolé, mais je ne peux pas. Se renfrogna Ryder de plus belle. Je ne conçois pas comment tu as pu tomber sous son charme ! Tu es pourtant loin d'être bête ! Ca me dépasse ! Après tout ce qu'il t'a fait endurer...

    La jeune femme ne releva pas la vexation, lancée sous le coup de la déception. Elle tenta, tout de même, de ramener Ryder à de meilleurs sentiments. Ce ne fut pas une réussite complète bien qu'il l'assura lui garder son amitié aussi difficile que cela fût pour lui.


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  • Le lendemain matin, Adeline se réveilla avec une sensation bizarre. Elle avait l'estomac noué, en sus de la sensation de ne plus rien contrôler. Garrett dormait toujours. Elle se dégagea doucement, prenant bien garde de ne pas le réveiller puis s'assit, se  massant les tempes afin de soulager le mal de crâne qui la prenait soudain. C'est dans cette position qu'Aïlys la trouva en se réveillant.

     

    - Que se passe-t-il ? Tu ne te sens pas bien ? Claironna-t-elle, la sortant de ses pensées.

    - Chuuut Aï !!! Ne fais pas autant de bruit. Il ne faudrait pas que tu réveilles Garrett...

    - Que c'est beau l'amour ! Déjà aux petits soins pour ton homme ! Que c'est mignon...

    - Tu n'y est pas du tout... Je crois que je me suis un peu emballée. Je suis peut-être allée trop vite... Dès qu'il est là, j'ai l'impression de ne plus rien contrôler et cela me fait extrêmement peur... Est-ce seulement une attraction purement physique et chimique qui ne se passe que lorsque nous sommes réunis ? Comment savoir ? Et Ryder, dans tout ça ? Me suis-je réellement trompée à ce point toutes ces années ? Je ne suis plus sûre de rien aujourd'hui... Je ne sais plus où j'en suis...

    - Et tu comptes faire quoi au juste ? Le dire à Garrett ? Laisse-moi te dire que tu ferais une belle bêtise... Il t'aime depuis tant de temps... Il ne mérite pas ça ! Ne t'as-t-il pas prouvé cette nuit...

    - Je ne dis pas que je n'ai pas confiance en lui. Je sais maintenant que Garrett m'aime ou le croit sincèrement... Mais c'est de moi que je doutes. J'ai si peur de me tromper...

    - J'en ai assez entendu, tu vas me faire le plaisir d'aller te prendre une bonne douche et recouvrer tes esprits rapidement avant qu'il ne se réveille...

     

    Adeline, raisonnable pour une fois, fila sous la douche tandis qu'Aïlys partait vaquer à ses occupations matinales. Aucune des deux ne s'était aperçue que Garrett avait tout entendu, ne perdant aucune miette de ce qui s'était dit.

    Les paroles de sa bien aimée avaient été pour lui, comme autant de coups de poignard acérés en plein coeur qui le lui avaient lacéré sans vergogne. Les doutes qu'elle avait émis à leur sujet... Il ne pouvait le supporter. Il profita que sa princesse soit à sa toilette pour filer à l'anglaise, sans se faire voir. 

    Une fois propre, Adeline descendit afin de travailler à son futur roman. En gagnant l'escalier, elle n'avait pas remarqué l'absence de "son homme", comme se plaisait à le nommer Aïlys.

    Lorsqu'elle s'installa devant son ordi, elle vit une feuille posée en évidence contre l'écran. Curieuse, elle en prit alors connaissance.

      

    Alors qu'elle en découvrait le contenu, elle devint tout à coup, blanche comme un cachet d'aspirine. Son coeur se serrait à l'idée d'avoir perdu, peut-être à jamais, l'homme de sa vie.

    Une fois sa lecture achevée, la lettre lui glissa des mains sans qu'elle y prête attention. Son esprit ne fonctionnait plus. Elle ressentait comme un grand vide à la place du coeur. Elle sentit soudain de l'eau s'écouler sur ses joues.

    Surprise, elle y porta les mains afin de l'essuyer, mais se rendit compte que cette humidité provenait de ses larmes. Les digues étaient rompues.

     

    Adeline rentra tard ce soir-là. Elle avait eu pas mal de boulot à rattraper, au vu de son retard de la matinée.

    - C'est dingue ce que tu as l'air de bonne humeur... Tu tires une de ces têtes ...

    - C'est bon, Aï ! Lâches-moi, veux-tu ?

    - Oulah ! C'est parce que tu n'as pas vu Garrett aujourd'hui ou c'est encore ton patron qui a fait des siennes ?...

    - Ne me parles plus de Garrett, c'est terminé...

    - Quoiii !? C'est quoi encore que cette histoire ? Qu'as-tu fait encore ?...

    - Rien, pourquoi aurais-je fait quelque chose ? La confiance règne...

    - Oui mais dès lors qu'il s'agit de lui, tu fais vraiment n'importe quoi.

    - A qui la faute ? Pas la mienne en tous les cas. Dès qu'il est là, je perds tous mes moyens. Je ne suis plus moi-même... De toute manière, il a tranché pour nous deux. La question est donc réglée.

    - Comment cela ? La question est réglée ? Il a tranché ?

    - Au lieu de jouer à faire le perroquet au milieu de la rue, rentrons. Je te montrerai sa lettre. Tu me croiras ainsi.

     

    Elle eut à peine le temps d'allumer les pièces de la maison que l'on toqua à la porte. Pendant un moment, elle espéra que cela soit Garrett qui revenait malgré ce qu'il lui avait dit dans le mot. Elle se précipita donc pour ouvrir, mais son excitation retomba comme un soufflet, à la vue de Ryder qu'elle fit tout de même entrer.

    - Tu en fais une tête ! C'est fou ce que tu as l'air ravie de me voir. Ca fait plaisir... Si je te déranges, dis-le. On se verra plus tard...

    - Non... Restes. C'est pas ce que tu crois... Je viens juste de rentrer.

    - Tu attendais quelqu'un ? Garrett, peut-être ? Je l'ai vu partir ce matin. Dis-moi, ça à l'air de coller entre vous...

    - Ryd ! C'est bon...

     

     Soudain, le téléphone sonna, la coupant au beau milieu de sa phrase.

    - Oui ?... Bonsoir... Non, monsieur... Oui, très bien je comprends... Sans soucis... Je serai là. Très bien, on fait comme ça. Je vous dis à demain. Bonne soirée. Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout. Puis se tournant de nouveau vers Ryder. Excuse-moi, c'était mon patron. Je me devais de répondre...

    - Il t'appelle toujours en dehors du boulot pour te redonner du travail supplémentaire ?

    - Enfin, non. Pas tout le temps...

    - Bon pour en revenir à notre conversation, cela a l'air de bien rouler avec Garrett...

    - Si tu veux bien, changeons de sujet. Tu avais quelque chose de spécial à me dire autrement ? Je t'avouerai que j'aurai bien besoin d'une douche...

    - Cela ne me dérange pas. Si tu veux, je peux même pousser l'amabilité en venant te frotter le dos...

    - Sans façon, mais merci tout de même. Je sais le faire moi même...

    - Tant pis pour toi, tu ne sais pas ce que tu rates...

    - Ryd !... Ne commences pas... Je ne suis pas d'humeur. Puis tu exagères tout de même, il me semblait avoir été claire...

    - J'éxagère ? Si peu. Bon file te doucher, je t'attends.

    Adeline ne se le fit pas dire deux fois. Elle monta se réfugier à l'étage. Sous le jet d'eau qui dénouait ses tensions de la journée, elle se demandait si elle ne ferait pas mieux de se laisser aller avec Ryder. Elle l'avait toujours connu et avait toujours été là... Elle se sentait en terrain connu avec lui. Il n'y aurait jamais d'ambiguités ni de quiproquos...

     

     Elle venait à peine de redescendre, changée et propre, que Ryder l'ayant sûrement entendue arriver, l'attrapa soudain puis la plaqua contre le mur.

    - Mais qu'est-ce qui te prends ? Tu es devenu fou ? Lâches-moi !

    - Pas avant que tu n'aies répondu à mes questions. Tu ne peux avoir cessé de m'aimer du jour au lendemain si tu as nourri de tendres sentiments pour moi pendant autant d'années... Tu ne peux me l'avouer et me jeter ensuite. Ce serait trop facile. Non, je ne te rendrai pas ta liberté avant que tu n'aies goûté à mes baisers. Tu pourras ainsi juger en toute équité.

     

    Adeline, muette, ne sut que répondre à cette tirade. Effectivement, elle l'avait aimé ou l'avait cru. Elle était si remplie de Garrett à présent, qu'elle ne savait comment elle avait pu passer à côté de lui tout au long de ces dernières années.

    Maintenant, elle avait tout gâché, par peur. Que devait-elle faire ? N'avait-elle pas souhaité ardemment, il y a peu, que Ryder s'intéresse enfin à elle ? Perdue, vaincue mais surtout par curiosité, elle se détendit alors que ce dernier la relâchait pour relever son menton.

     

    Alors que les lèvres de Ryder s'approchaient lentement des siennes, elle ferma les yeux, concentrée sur l'effet que cela lui procurait. Son souffle chaud, à quelques centimètres de ses lèvres lui donnait une sensation de bien-être réconfortant, bien loin de la tornade d'émotions qu'elle ressentait au contact de Garrett. 

    - Adi ! Mais tu fais quoi ? Tu n'as pas honte ? Je m'absente une minute et tu fais une bêtise. tu files vraiment un mauvais coton! S'exclama Aïlys. 

    - Bon, Adi, je te laisse. On s'appelle... dit-il, la voix légèrement rauque.  Aï, c'est ma faute, ne le la sermonne pas trop durement... Bonne soirée à toutes les deux.

     

     Alors que le jeune homme venait de les quitter, Adeline qui n'avait pas faim, se plongea dans les recherches de dernière minutes que lui avait confiées son patron. C'était sans compter la ténacité d'Aïlys.

    - Peux-tu me dire ce que tu fricotais avec Ryder. Il me semblait que tu avais mis les choses au point avec lui il y a quelques temps ? Franchement, tu crois que Garrett apprécierait ?... Il me semblait que tu t'étais enfin aperçue que tu l'aimais... Tu me déçois énormément... Le pauvre...

    - Le pauvre ? Et moi, dans l'histoire ?... Tu crois que cela ne me blesses pas ? Il m'a quittée en me laissant une lettre ! Lui qui disait vouloir me laisser le temps dont j'aurai besoin, me quitte après avoir perçu notre conversation ! Tu me crois de glace ? S'exclama-t-elle. Puis, en ce qui concerne Ryd, il ne m'avait pas promis de cesser de tenter sa chance...

    - On ne peut pas dire que tu ai mis beaucoup de volonté à le repousser...

    - Effectivement, j'étais curieuse de savoir si je ressentirai quelque chose avec lui...

    - Et ? Son baiser t'a fait de l'effet ? s'emporta Aï. Quel besoin de savoir cela si tu aimes Garrett ? A part t'embrouiller un peu plus l'esprit... Le plaisir de la chair...

    - C'est bon, Aï ! C'était une erreur, je le reconnais. Mais cela ne m'avance pas plus. Garrett a rompu. Laisses-moi maintenant, j'ai du travail...

    - Quoi ? tu n'as pas l'intention de lui avouer tes sentiments ? Tu as l'intention, par fierté mal placée de lui laisser croire qu'il t'indiffère ?...

     

     Après sa conversation de la veille avec Aïlys, Adeline avait pris la décision, contre toute attente, de passer voir Garrett afin de lui parler. Elle avait très mal dormi la nuit précédente. Elle ne cessait de penser à lui.

    Dans l'attente de son retour, elle appréhendait la conversation à venir mais surtout la réaction de ce dernier quand il s'apercevrait de sa présence. Cass, avait bien voulu la faire patienter dans la chambre de son frère, qu'elle avait découvert pour la première fois.

    Elle s'était même installée devant l'ordi afin de s'occuper l'esprit qu'elle avait en ébullition. Mais rien ne la détournait de ses pensées. Elle restait immobile, le regard perdu dans le vide.

     

    C'était sans compter Aïlys qui avait tenu à la suivre. Même si c'était pour ne pas se montrer, se faire discrète pendant l'explication.

    - Songeuse ? dit-elle la tirant de son hébétude. Tu ne vas pas changer d'avis, tout de même ? Vous devez discuter de ce qui s'est passé. Je suis sûre qu'il comprendra...

    - Ne t'inquiètes pas. Je suis juste un peu nerveuse... Je ne sais pas l'accueil qu'il va me réserver... Dans sa lettre, il était tellement...

    - Pas la peine de te ronger les sangs en attendant. Je crois que tout finira par s'arranger... Il t'aime tant qu'il ne pourra que te pardonner tes paroles qui ne reflétaient que de l'inquiétude...

    - Je n'en suis pas aussi certaine que toi... Il s'est sûrement dit que je ne valais pas la peine de tous ces efforts. Il s'est peut-être rendu compte, après coup, qu'il ne m'aimait pas suffisamment pour se prendre autant la tête avec quelqu'un comme moi. Il n'aurait pas tout à fait tord.... Je ne pourrai que lui donner raison...

    - Tu n'as pas fini avec ton mélodrame.... Je te jure, des fois, si je me retenais pas...

    - Te gênes pas pour moi, j'ai bien conscience que je n'ai pas assuré pour le coup.

     

    Une heure et demie plus tard, alors que Cassiopeïa était sortie, Garrett rentra enfin. Il avait les mâchoires serrées et la mine fatiguée de quelqu'un n'ayant pas dormi depuis des jours.

    Adeline, sur le fauteuil ne pouvait détacher son regard de lui. Quand il l'aperçut, son expression changea. Le sourire qu'il avait ébauché à sa vue avait disparut aussi vite qu'il était apparu. Il ne lui présentait plus qu'un visage fermé où aucune trace d'émotion ne transparaissait.

    - Que fais-tu ici ? l'aborda-t-il froidement, en prenant place à ses côtés sur le canapé. Si tu viens te repaître du spectacle affligeant de ma descente aux enfers, tu peux repartir, je ne te retiens pas. Comme tu vois, je me porte à merveille. Tu peux repartir d'où tu viens, rassurée sur mon sort... Je m'en voudrai d'abuser de ton temps si précieux. Retourne voir ton cher et tendre. Transmets lui toutes mes amitiés et mes sincères condoléances...

    Tétanisée par les paroles blessantes, de l'homme qu'elle savait maintenant aimer à la folie, Adeline resta prostrée sur le sofa alors que Garrett quittait la pièce. Elle avait tellement mal que les larmes n'étaient pas loin.

    - Tu ne vas pas rester sans rien dire tout de même ! l'admonesta Aïlys. Tu ne vois pas que c'est du flan, tout ça. Tu l'as blessé. Il te rend la monnaie de ta pièce en voulant te faire croire qu'il est passé à autre chose. Tu n'as pas remarqué comme son visage s'est éclairé quand il t'a vue ?...

    - Tu as dû être victime d'une hallucination, tout comme moi. Je crois que nous n'avons plus rien à faire ici...

    - Tu vas me faire le plaisir de lever ton joli postérieur de ce fauteuil et de le rejoindre dare-dare dans la cuisine ! s'énerva Aïlys. Marre de vos états d'âme ! Tu ne vas pas me dire que, par fierté mal placée, tu vas le laisser filer en agissant aussi bêtement que lui ? Je ne te pensais pas si couarde. J'en ai ma claque ! Après tout, fais comme bon te semble... Je rentre.

    Sur ces derniers mots, elle s'éclipsa sans plus attendre laissant son amie se débrouiller. Adeline, d'abord surprise de cet éclat, resta assise, un petit moment encore. Elle finit par se lever...

     

    Elle trouva Garrett, la tête entre les mains, accoudé au comptoir. Seul le bruit de l'eau sur le feu brisait le silence de la pièce. Il ne l'avait pas entendue arriver.

    - Garrett ? murmura-t-elle, la gorge serrée. Je peux te parler deux minutes s'il te plait ? Je ne te dérangerai plus longtemps ensuite, si tu le décides... Garrett ? l'appela-t-elle un peu plus fort comme il ne répondait toujours pas.

    Surpris, ce dernier sursauta puis se retourna.

    - Tu es encore là ? Ecoute Adi, je suis fatigué. Je vais te demander de partir. De plus, j'ai un rendez-vous...

    - S'il te plait, le coupa-t-elle le coeur serré, tentant un pauvre sourire malgré tout. Je ne te dérangerai pas longtemps. Accordes moi seulement deux minutes... Je suis désolée...

    - Désolée ? Mais désolée de quoi ?... De ne pas m'aimer ? De m'avoir laissé croire que tu le pourrais pendant un moment ? Ecoute, je suis fatigué. Si tu le veux bien, on en reparle un autre jour. 

    Paniquée à l'idée de ne plus le revoir après ça, elle finit par lâcher d'une toute petite voix.

    - Je t'aime...

    - Je ne sais vraiment pas à quel jeu sadique tu joues avec moi, continuait-il, semblant n'avoir pas entendu ou percuté ce que venait de lui avouer Adeline. Mais cela ne m'amuses pas du tout... 

    Avisant soudain la blancheur de son visage, il s'exclama d'une voix radoucie presque tendre, tout en la prenant par la main pour la ramener dans le salon pour la faire asseoir.

    - Tu es vraiment impossible... Peux-tu maintenant répéter ce que tu viens de me dire ? lui demanda-t-il tout en plongeant son regard incertain dans le sien, espérant dans le même temps avoir bien compris, alors qu'ils venaient de prendre place sur le canapé.

     

    - Répéter ?... Je suis désolée que tu aies saisi une conversation qui ne t'étais pas destinée ?... L'interrogea-t-elle sans pouvoir le quitter des yeux.

    - Ma douce, ma princesse, tu es vraiment terrible... L'interrompit-il. Tu n'auras donc pas pitié de moi qui t'aime comme un fou ? Continua-t-il en la prenant dans ses bras. Tu ne veux vraiment pas répéter ce que je rêve d'entendre de ta bouche ? Finit-il de lui murmurer tout en approchant dangereusement sa bouche de la sienne.

     

    Bien avant que la bouche de Garrett ne prit la sienne dans un baiser vertigineux, Adeline plus que troublée par la proximité de ce dernier ne put relever ses dernières paroles. Elle avait tellement eu peur de l'avoir perdu, que cet aveu lui avait échappé malgré elle. Sentir de nouveau ses lèvres butiner les siennes avec douceur la fit fondre, la transporta dans un monde où tout ce qui n'était pas lui ne comptait pas.

     

    Quelques instants plus tard, il dut tout de même la lâcher pour aller arrêter ce qu'il avait laissé sur le feu, afin de ne pas déclencher un incendie dans la maison.  Il avait assez à gérer avec celui que sa princesse avait déclenché en lui. Comme elle l'avait suivit dans la cuisine,  il la serra de nouveau dans ses bras.

    - Que vais-je faire de toi ? Tu ne peux imaginer à quel point ces deux derniers jours ont été pour moi un enfer... lui avoua-t-il tout en resserrant son étreinte de plus belle. Je t'aime tant. Si tu ne peux me le redire à nouveau, j'attendrai, cette fois que tu sois prête. Je suis vraiment désolé de m'être laissé aller au découragement mais ne le regrette pas vraiment si cela a pu te faire prendre conscience...

    - Je t'aime Garrett ! Je ne veux plus que tu me laisses...


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  • Les jours filaient à une vitesse folle depuis cette fameuse soirée où elle s'était plus ou moins accrochée avec Ryder. C'était bien simple, elle n'avait pas vu le temps passer. Un mois s'était déjà écoulé pourtant mais elle n'avait toujours pas de nouvelles de Garrett qui était aux abonnés absents depuis lors. Elle en avait donc profité pour écrire, avancer dans sa carrière, décorer un peu son intérieur avec Aïlys...

     

    Elle avait même réussi à progresser en cuisine. Ce qui n'était pas peu dire. Il lui arrivait même, par moments, de recevoir la visite de certaines personnes avec qui elle avait sympathisé. Notamment celle de Sonia Gothik dont elle s'était pas mal rapprochée ces derniers temps et sur laquelle elle effectuait des recherches car elle avait l'intention d'écrire sa biographie.

     

    Elle s'était mise, de plus, à pratiquer quotidiennement le sport. A cet effet, elle avait même acheté des DVD de danse Plumbumba dont elle aimait les mouvements graçieux et aériens qui lui donnaient une impression de légèreté. Il se pratiquait la plupart du temps, sur une musique assez rythmée.

     

    Il lui arrivait parfois, de pratiquer quelques séances d'abdos-fessiers en supplément les jours/soirées où elle était suffisamment motivée, voire suffisamment en forme. Tout cela afin de raffermir les endroits où elle avait un peu perdu de poids.

     

    Elle s'astreignait de plus, à un régime ferme, composé de salades de fruits ou légumes en fonction du moment de la journée. Ses efforts commençaient d'ailleurs à payer. Elle avait enfin réussi à perdre quelques kilos superflus.

     

    Par ailleurs, pour occuper ses moments de loisir libre, elle s'était aussi mise à la peinture. Elle accrochait seulement les toiles les plus réussies afin de mettre un peu de gaieté et de couleur sur ces murs couleur jaune pisse qu'elle avait en horreur.

     

    Souvent seule à son retour du boulot, elle regardait un film ou une émission en compagnie de son amie de toujours, Aïlys. C'était devenu une routine bien huilée qu'elles appréciaient toutes deux. Certains soirs cependant, elle s'obligeait à apprendre la logique des échecs dans un livre qu'elle avait trouvé à la bibliothèque. Elle désirait en connaître tous les tenants et aboutissants avant de pouvoir acheter une vraie table. Elle était d'ailleurs en train de lire ce soir-là quand elle entendit toquer à la porte.

     

    C'était Garrett qui se manifestait enfin. Il attendait patiemment qu'Adeline vienne lui ouvrir, ruminant ses sombres pensées, ne sachant trop comment elle allait l'accueillir après leur discussion légèrement houleuse de la fois précédente, devant chez lui.

     

    Adeline ne s'attendait certes pas à trouver ce dernier sur le pas de sa porte, tirant une triste mine. Il arborait des cernes grisâtres sous les yeux, dénotant un manque de sommeil manifeste.

    - Excuse moi de te déranger... Je ne savais plus que faire suite à notre dernière discussion... Je ne comprends pas, Princesse. T'aimer ne te suffit-il donc pas ? J'en dors plus la nuit, tellement...

     

    - Mais enfin Garrett, tu n'as pas à te mettre dans tous tes états pour ça... Il faut que tu prennes soin de toi. Le coupa-t-elle, inquiète en le fixant droit dans les yeux.

    - Mais comment veux-tu que je fasses, Princesse ? Tu ne m'as pas laissé le choix... Tu ne voulais pas me revoir avant que je n'ai compris...

     

    - N'exagères pas non plus ! Gros bêta, va. répliqua Adeline, levant les yeux au ciel, un sourire tendre au bout des lèvres.

    - Te moques pas de moi. Tu crois que je suis heureux de cette situation ? J'en suis malade. Je ne supporte plus du tout cette situation, cet éloignement entre nous... Ne pas te voir, ne pas pouvoir te prendre dans mes bras, ne pas pouvoir t'embrasser comme j'en ai le désir. Je ne peux faire un pas sans voir ton visage. Tu hantes mes nuits, tu es mon univers... Je n'ai plus goût à rien depuis que je t'ai revue au Starbuck's... 

    Adeline était touchée, malgré elle, de cet aveu. Elle aimerait tant pouvoir y croire, lui faire confiance. Surtout qu'il avait l'air sincère, mais elle avait peur de souffrir au bout du compte. Pourtant, voir Garrett aussi malheureux, par sa faute selon ses dires, lui étreignait le coeur.

    - Je ne me moques pas Garrett... Seulement, j'ai du mal à te croire lui répondit-elle, tout en lui passant une main rassurante sur le bras. J'ai besoin d'un peu de temps, tu comprends ? Le passé n'est plus en cause. Rassures-toi sur ce point. Notre conversation de la dernière fois m'a apaisée sur ce qu'il s'était passé il y a des années de cela, alors que nous étions tous deux, de jeunes têtes fortes...

     

    - ... Si tu veux bien, repartons de zéro. Je ne t'en veux plus...

    A peine eut-elle prononcé ces mots que Garrett l'avait enlacée afin de la serrer tendrement contre son torse. Ils ne s'étaient même pas rendu compte que la nuit était maintenant tombée, trop centrés sur eux pour ne serait-ce que prêter attention à tout ce qui n'était pas eux.

    - Si tu es d'accord, j'aimerai passer te voir demain matin avant d'aller travailler. Murmura-t-il, le regard plongé dans le sien. Là, je vais devoir malheureusement te laisser. Non que je veuilles te quitter, mais comme tu as pu le constater de visu, j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil. Puis plus je tarderai, plus il me sera difficile de partir.

    Une fois qu'il l'eut relâchée, elle le regarda s'éloigner d'elle sans un mot. Même une fois qu'il eut disparu dans l'obscurité, elle resta plantée sur le palier, à scruter la profondeur de la nuit sans vraiment la voir. Elle doutait déjà... C'est comme ça qu'Aïlys la trouva, immobile.

    - Adi ? Que se passe-t-il ? Un soucis ?

    Sortant de sa torpeur, Adeline se retourna soudain vers elle.

    - Non aucun. Ne t'inquiètes pas. Rentrons, il commence à faire frais.

    - Je commençais à m'inquiéter en ne te voyant pas revenir... Qui était-ce ? Sonia ?...

    - Non, juste Garrett. Pas la peine de me fusiller du regard comme ça. Il revient demain. Tu pourras juger par toi-même...

     

    L'aube pointait à peine ce matin-là sur la ville endormie. Les rues de Windenberg étaient désertes. Enfin pas tout à fait... Un homme traversait au pas de course, les avenues du centre, apparemment pressé. Arrivé à destination, il attendit patiemment devant la porte que l'on vienne lui ouvrir.

     

    Adeline était déjà prête depuis deux heures maintenant, mais nerveuse. Elle se demandait si Garrett allait réellement venir, appréhendant dans le même temps ce que cela impliquerait de nouveau dans sa vie, quand on frappa à la porte. C'était lui. Elle le fit donc entrer puis ils s'installèrent sur le sofa.

    - Alors Princesse, as-tu bien dormi ? Pour ma part, cela faisait longtemps que je n'avais aussi bien dormi...

    - Je... Oui, merci.

    - Eh bien, si l'on m'avait dit qu'un jour tu resterais sans voix devant moi... La taquina-t-il.

     

     Sentant sa nervosité, il l'attira tout contre lui, prenant sa main dans la sienne. Elle était gelée. Ce geste plein de douceur bouleversa Adeline, faisant naître mille sensations dans son corps et son coeur.

    - Tu es bien silencieuse... Je ne te fais tout de même pas peur ? Tu sais que je ne te ferai jamais de mal, n'est-ce pas ? 

     

    Un sanglot lui échappa à ces mots. Elle n'avait plus le contrôle de la situation. Cela lui faisait tellement peur mais elle ne pouvait pas non plus, résister plus longtemps à Garrett. Elle ne pouvait plus nier les sentiments qu'il faisait naître en elle ni les refuser encore.

     

    Déboussolé de la réaction d'Adeline, puis ne pouvant supporter son chagrin, il se tourna à demi vers elle, la relâchant légèrement. Ce faisant, il l'accula contre l'accoudoir du fauteuil. Lui attrapant alors le bras afin qu'elle le regardât, il lui fit part de son inquiétude.

    - Princesse, tu veux que je partes ? Je ne voudrais pas te brusquer... Cela ne te ressembles pas... Tu n'as qu'à m'envoyer aux gémonies, comme à ton habitude, si tu le désires. En plus, tu es passée maîtresse dans l'art de le faire.  Plaisanta-t-il. Je ne veux te forcer en rien...

    Calmée et rassurée, Adeline ne put que lui répondre.

    - Désolée... Je... Non, restes. Je veux que tu restes.

     

    Elle se retrouva, elle ne sut comment, en partie sur ses genoux. Garrett avait posé sa main sur sa joue, lui communiquant une chaleur inconnue au creux de son ventre où elle avait l'impression que des papillons dansaient la gigue. Il était si proche qu'elle pouvait sentir son souffle mentholé. Elle perdait pied. Elle n'avait qu'une envie, qu'il l'embrasse.

    - Princesse, mon Adi. Je ne peux résister plus longtemps. Je vais t'embrasser. Regardes-moi. Je ne suis pas Ryder, si tu ne veux pas, dis-le maintenant ou ce sera trop tard...

    Adeline ferma les yeux, donnant par ce geste son consentement. Lorsqu'elle sentit enfin ses lèvres chaudes et douces sur les siennes, elle s'accrocha à lui. Sa tête tournait. Elle avait l'impression de planer. Elle aurait voulu que son baiser ne s'arrêta jamais. Malheureusement il y mit fin bien trop tôt à son goût.

    - Princesse, je vais devoir aller travailler. Lui annonça-t-il tout en lui baisant le front. Si je n'y vais pas maintenant, je ne partirai jamais... Je peux repasser tout à l'heure, enfin si tu n'y vois pas d'inconvénients...

    Après un rapide dernier bisou sur ses lèvres, Garrett s'éclipsa rapidement, comme s'il avait le feu aux fesses, laissant une Adeline décontenancée.

     

    Quelques heures plus tard, alors que la nuit pointait au dessus des toits de la cité, Adeline , fatiguée de sa journée s'empressait de remettre un peu d'ordre chez elle avant que Garrett n'arrive. Elle venait à peine de terminer que des coups se firent entendre à l'entrée. Soudain fébrile, elle cria que c'était ouvert. Il entra, surpris qu'elle ne soit pas venue ouvrir. Il la vit, immobile, se tenant près de la table. Il la rejoignit.

    - Princesse, ça va ? Lui dit-il en apposant sa main sur sa joue d'un air soucieux. Tu es sûre ? Tu sais que ce n'est pas prudent de laisser ta porte ouverte...

    Adeline, troublée par la proximité de Garrett n'entendit pas la fin de sa phrase. Elle était bien incapable, une fois encore, d'articuler quoi que ce soit de cohérent. Elle avait l'impression qu'un millier de papillons parcouraient son corps, la laissant en transe, dans un état second de végétation.

     

    Elle voulut prendre un peu de recul, mettre un peu de distance entre eux afin de reprendre ses esprits. Mais elle se retrouva acculée à la table, incapable d'aller plus loin... Garrett ne pouvant s'empêcher de la toucher, la prit par la taille.

    - Adi, pourquoi cherches-tu à me fuir ? Je te fais peur ? Tu m'as tellement manqué... Je n'ai pas cessé de penser à toi. J'ai bien peur, qu'aujourd'hui, ma productivité professionnelle n'en ai pâti...

    Il se pencha alors afin de pouvoir l'embrasser, mais entraîné par son élan, ils se retrouvèrent tous deux enlacés, complètements couchés sur la table... Indifférents au lieu où ils se trouvaient, ils s'embrassèrent, seulement conscients de la présence de l'autre, donnant libre court à leurs sentiments. Adeline aimait à sentir le poids du corps de Garrett, au dessus d'elle, malgré leurs vêtements. Jamais elle n'aurait pensé avoir, un jour, autant besoin de le sentir près d'elle.

     

    C'était sans compter l'étroitesse de la table. En deux temps, trois mouvements Adeline se retrouva par terre. Un peu sonnée, elle vit Garrett, déjà agenouillé au devant d'elle. Il posait sur elle, un regard empreint de gravité.

    - Princesse ? Tu as mal quelque part ? S'il te plait, dis-moi quelque chose ? Tu as mal quelque part ? Tu t'es cognée la tête ?... paniquait-il selon toute vraisemblance, en lui tenant le visage.

    - Ne t'inquiètes pas... Je vais bien... Tenta-t-elle de le calmer, l'apaiser. 

     

    - Tu es sûre ? Sinon,je t'emmène directement à l'hôpital. D'ailleurs, c'est ce qu'il vaudrait mieux faire...

    - Non, ce n'est pas la peine et je ne veux pas y aller. Le coupa-t-elle fermement, tout en posant sa main sur son torse afin de le rassurer complètement.

     

    Ne désirant pas épiloguer des heures, ni contrarier son Adi, Garrett l'attira à lui, tout en s'allongeant sur le sol. A la sentir si proche, il ne désirait rien de plus que la serrer contre lui, la câliner et l'embrasser. Il avait tant attendu ces moments qu'il désirait en profiter un maximum.

    - Nous ne pouvons aller plus bas Princesse, lui dit-il, plongeant son regard dans le sien alors qu'elle tournait la tête vers lui, interrogative, effleurant au passage de son souffle la base de son cou faisant naître en lui l'aiguillon d'un désir intense.

     

    Ne pouvant résister plus avant, il se positionna au dessus d'elle, lui faisant ressentir, lui prouvant le désir qu'elle éveillait en lui. Il ne voulait pas la brusquer et se fit violence pour résister à l'envie féroce qu'il avait d'elle de la prendre à même le sol, à la hussarde. Mais il la respectait trop pour agir de la sorte, bien qu'il ne doutât pas un instant qu'elle ne l'aurait pas repoussé. Il désirait que leur première fois lui laisse un souvenir impérissable. Il se contenta donc de l'embrasser, puis de lui baiser la base de l'oreille, pour finir par parsemer des petits bisous dans son cou, lui arrachant des gémissement de plaisir. Il se félicitait de la voir si réceptive à ses caresses...

     

    Au bout d'un certain laps de temps, il se redressa, l'entraînant avec lui afin de la positionner tout contre lui, entre ses jambes.

    - Tu mettrais même à rude épreuve, la patience d'un saint. Finit-il par lâcher. Ce que je suis loin d'être. Si tu veux bien, je vais te garder ainsi un petit moment encore puis je rentrerai après t'avoir mise au lit...

    - Tu vas encore me quitter ? Tu n'as donc pas envie de rester auprès de moi cette nuit ? lui demanda-t-elle, désappointée à ces paroles, qui lui serraient le coeur.

    - Mon envie n'a rien avoir avec ça... Ne me rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà... Je veux que tu me fasses confiance. Pour cela, je veux que tu comprennes que tu n'es pas, pour moi, le coup d'un soir. Je ne veux pas te toucher, ni te faire l'amour pour le moment, même si j'en ai très envie...

     

     Quelques instants plus tard, il se leva, entraînant de nouveau Adeline avec lui, pour la soulever, d'un coup, dans ses bras. Surprise, elle ne put que s'accrocher à lui.

    - Garrett : Mais qu'est-ce que tu fais ? Reposes-moi, s'il te plait. Je suis trop lourde. Tu vas te faire mal...

    - Arrête de dire des bêtises ! Tu est aussi légère qu'une plume. Argua-t-il, la serrant de plus belle contre lui. Allez, Princesse, il est temps d'aller se coucher.

    Vaincue, Adeline ne protesta pas et posa sa tête sur son épaule sous le regard d'une Aïlys, hilare qui les avait observés en silence de la cachette où elle se trouvait. Cette dernière était heureuse de voir qu'enfin son amie se laissait aller aux véritables sentiments qu'elle nourrissait à l'encontre de Garrett. 

     

    Une fois que Garrett l'eut déposée sur son lit, Adeline s'y assit. Elle retint Garrett un instant afin de gagner du temps. Elle ne voulait pas qu'il parte.

    - Restes avec moi ce soir s'il te plaît... Restes. Je n'ai pas envie que tu me quittes.... J'ai...

    - Adi... Ma Princesse, tu ne m'aides pas... Tu crois que je n'en ai pas envie ? Si tu savais...

    - Alors restes avec moi ! Je serai sage, promis...

     

    Les derniers mots qu'elle venait de prononcer emportèrent le peu de raison qui bataillait encore dans l'esprit de Garrett. Pour toute réponse, il l'attira sur ses genoux, puis la serrant dans ses bras contre son torse, il se mit à l'embrasser comme jamais il ne l'avait fait auparavant, s'abreuvant à la source de ses lèvres tel un assoiffé en manque. Face à ce spectacle réjouissant, Aïlys, se sentant tout de même de trop, décida de sortir faire un tour. Elle était heureuse de voir que la relation des deux tourtereaux prît enfin le bon chemin.

     

    Garrett finit par se retrouver au dessus d'elle, alors qu'ils avaient basculé sur le lit dans le feu de l'action.

    - Tu es vraiment impossible... Finit-il par lui murmurer, au supplice. Comment veux-tu que je te résiste, si tu ne m'aides pas un peu... 

    - Je ne veux plus que tu me résistes. Je veux être à toi...

     

    Ne lui laissant pas l'occasion d'en dire plus, par peur de lui céder, il reprit goulûment ses lèvres. Il parcourut son corps de baisers chauds. Le désir qu'ils avaient l'un de l'autre aurait pu réchauffer la banquise dans son intégralité. Seulement Garrett avait pris une décision et il n'en dérogerait pas, aussi dur que cela puisse lui paraître.

     

    Ils finirent tout de même par réussir à s'endormir dans les bras l'un de l'autre au bout d'une heure. Même  inconscients, quelle que soit la position qu'ils adoptaient, ils ne se quittaient ni ne se lâchaient. 

     

    Quelques heures plus tard, alors qu'Aïlys venait de rentrer, elle les découvrit toujours enlacés dans leur sommeil. Elle alla se coucher à son tour, rassurée, espérant que rien ne viendrait plus se mettre en travers de leur bonheur.


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  • Cela faisait maintenant quelques jours qu'Adeline n'avait reçu aucune nouvelle de Garrett. Il aurait tout aussi bien pu être chauffagiste, tellement il s'y entendait pour souffler le chaud et le froid sur ses sentiments. Elle était réellement déboussolée, ne savait plus où elle en était. 

     

    - Tu n'aimes plus la salade ? C'est pourtant toi qui l'a cuisinée. Puis qu'est-ce que cette tête d'enterrement que tu tires depuis cette fameuse soirée ? Une de tes connaissances est morte ? Il me semblait que tu avais pris des résolutions. Même si tu continues de travailler, je ne te vois plus sourire et tu arbores une mine sombre à longueur de journée...

    - Désolée Aï mais en ce moment ce n'est pas la grande forme. Je ne sais plus où j'en suis. Si tu veux bien m'excuser, je monte prendre ma douche... J'aimerai finir un travail avant de partir bosser...

     

    Alors qu'Adeline prenait sa douche, Aï, inquiète la surveillait sans se faire voir. Elle s'inquiétait de voir son amie dans cet état. Jamais, même lors des moments les plus sombres de son existence, elle n'avait perdu son sourire et sa joie de vivre. Elle était de la race des optimistes qui croyait que le lendemain était un autre jour et qu'il ne pouvait qu'être meilleur...

     

     Après en avoir terminé avec sa toilette, Adeline s'installa devant son ordi afin d'effectuer les dernières recherches demandées par son boss.

     

    - Excuse-moi de te déranger Adi, mais j'aimerai te faire part de mon inquiétude... L'interrompit Aïlys. Ce comportement ne te ressemble guère...

    - Je sais, mais crois-moi, j'en suis la première navrée. Je n'y peux rien tout simplement. J'ai pris conscience de certaines choses et je me sens comme vidée de l'intérieur, fatiguée... Si tu veux bien, nous reprendrons cette conversation plus tard. Je dois terminer, tu comprends ? Ne m'en veux pas. Puis, ne te fais pas trop de mauvais sang à mon sujet. Juste une mauvaise période à passer...

     

    Sans plus lui prêter d'attention, Adeline se remit à tapoter son clavier avec un léger sourire, empreint de tristesse. Aïlys, malgré les paroles de son amie ne savait trop à quel seing se vouer.

    "De quoi avait-elle pris conscience ? De son amour pour Garrett ? Dans ce cas, pourquoi, n'en était-elle pas plus heureuse ? Garrett l'aimait depuis tant d'années. Bon, il s'était un peu perdu en route sous l'influence de sa soeur, puis du caractère bien trempé de sa chère Adi... Mais qu'importe. A moins que cela ne soit autre chose..." se demandait-elle en se triturant les méninges.

     

     En sortant des bâtiments Sims ReadBooks après une journée particulièrement stressante, Adeline, sur un coup de tête, décida d'aller débusquer l'homme de ses pensées. Elle se précipita pour ne pas rater la navette maritime qui allait la mener à l'autre bout de la ville. Arrivée à destination, elle sonna. Personne ne répondit. Elle rebroussait chemin, quand elle le croisa en route. Quand ses yeux croisèrent les siens, elle ne put s'empêcher de sourire malgré elle, tellement il lui avait manqué. 

    - Princesse ! Quelle heureuse surprise de te trouver à ma porte...

     

     - Tu ne vas pas commencer avec tes paroles mielleuses et salamalecs ! L'interrompit-elle soudain énervée par son hypocrisie.

    - A ce que je vois, tu es toujours énervée contre moi... J'aurai espéré qu'après l'autre soir, tu te serais ne serait-ce qu'un peu radoucie à mon encontre...

     

    Adeline fut alors prise d'un mal de crâne, découragée par l'égo surdimensionné de cet homme qu'elle pensait sans foi ni loi. Se prenant la tête dans les mains, elle ne put voir la fatigue de Garrett à ce moment-là qui n'en menait pas large de son côté non plus...

     

    - Adi, je ne comprends pas. Je pensais m'être expliqué l'autre soir... Je pensais apparemment, à tord, que nous étions passé à autre chose...

     

     - Tu pensais ? Le coupa-t-elle, énervée. Et bien saches que je ne suis pas à ta disposition. Je ne suis pas un béni-oui-oui qui change d'avis sous un prétexte quelconque...

     

    Garrett, face à Adeline, arrivait à en perdre son latin. Il ne voyait pas où elle voulait en venir. Il désespérait de la conquérir un jour.

    - Princesse, je ne vois pas ce que tu me reproches ni ce que ta façon d'être vient faire là... Il ne put terminer sa phrase une fois encore.

     

    - Ah non ? Manquerais-tu donc de perspicacité à ce point ?... Monsieur se prétend amoureux fou, joue les jolis coeur et ne donne aucune nouvelle pendant des jours...

    Garrett n'en revenait pas, son Adi était tout bonnement en train de lui faire une scène de son manque d'empressement. N'osant trop y croire, sous peine d'être encore déçu, il répliqua tout de même.

    - Dois-je comprendre Princesse que je t'ai manqué ?  Si je m'étais pointé chez toi, que tu m'aurais ouvert, que tu aurais répondu à mes appels ?... Dois-je te rappeler que c'est toi qui m'as laissé sans un mot ce fameux soir. Qu'aurais-je du comprendre, selon toi ? Tu as fui comme une voleuse...

     

    - Si tu es trop bête pour le deviner, que tu ne sais point lire entre les lignes, je ne vois pas ce que je fais ici. Ce n'est pas à moi de te donner des réponses qui me semblent pourtant évidentes. Quand tu sauras ce que je veux dire, et si tu étais sérieux quand tu as prétendu m'aimer, la réponse s'imposera d'elle-même.

    Puis sans un mot de plus, elle le planta une fois de plus, seul avec ses interrogations.

     

     Une fois rentrée, Adeline se prépara à manger une petite salade de jardin, du potager qu'elle avait planté récemment. Elle avait décidé de perdre du poids car elle se trouvait vraiment trop grosse. Tout en mangeant, elle se disait qu'Aïlys devait être sortie. Elle ne lui avait, en effet, pas répondu quand elle l'avait appelée à son retour ni donné signe de vie depuis. Elle finissait de manger quand le téléphone sonna. Espérant que ce fusse Garrett, elle décrocha sans faire attention au numéro qui s'affichait.

     

     - Adi ? C'est Ryd ! Je suis désolé de te déranger mais faut que je te parles. C'est important. Tu peux me rejoindre chez moi dans une heure ?

    Adeline, en entendant sa voix fut déçue, elle qui aurait sauté de joie quelques temps auparavant, n'en éprouvait plus qu'un banal intérêt amical. Elle allait répondre quand elle entendit la tonalité comme quoi il avait raccroché.

     

     Il ne lui fallut pas plus d'une heure pour se doucher et changer. Quand elle arriva chez son ami et voisin, elle avait tout juste 5 minutes de retard. Il habitait la maison juste à gauche de la sienne. Elle toqua à la porte. Il lui répondit que c'était ouvert.

     

    - Salut Princesse. Merci d'être venue. L'accueilla-t-il avec un sourire. Tu es vraiment toute jolie ce soir, dis-moi !

    - Merci Ryd. Mais si tu veux bien, j'aimerai que tu cesses de m'appeler par ce surnom qui n'a pas lieu d'être et m'horripile.

     

    - Puis si tu pouvais en venir au fait, je tombe de fatigue. J'ai eu une journée fatigante, j'aimerai donc ne pas me coucher trop tard. Surtout que j'ai encore quelques petites choses à régler avant de pouvoir aller au lit...

     

     - T'inquiètes pas. Je voulais juste te tenir au courant de ce que l'on m'avait rapporté. C'est à mourir de rire, tu verras. Puis comme cela faisait un moment que nous ne nous sommes pas vus. Je me suis dis Ryd, autant joindre l'utile à l'agréable... Pour tout te dire, il paraîtrait que notre cher Garrett ait une nouvelle conquête ! Il aura mis un peu plus de temps cette fois, mais il aurait déniché une fille qui te ressemblerait à s'y méprendre, d'après mon ami...

     

    A ces mots, Adeline explosa, à la grande surprise de Ryder.

    - C'est pas possible ! Les gens n'ont rien d'autre à faire que de se mêler de la vie privée des autres ! Ils doivent s'ennuyer à mourir dans leur quotidien s'ils se mettent à colporter ainsi des ragots...

     

    - ... On ne peut rien faire sans que tout le monde soit au courant ! Vraiment...

    A ces derniers mots qu'Adeline prononça, Ryder sentit comme une flèche lui transpercer le coeur. Il n'entendait plus ce qu'elle disait, perdu qu'il était dans ses pensées. Il ne comprenait pas la colère de son amie, à moins qu'elle ne se soit laissée prendre... Et pourquoi le fait de l'imaginer avec Garrett lui faisait-il autant de mal ?

     

     - Ôtes-moi d'un doute, tu n'es pas sorti avec Garrett ? Pas toi ? C'est impossible ! Pas après tout ce qu'il t'a fait... l'interrompit-il dans son monologue.

    - Pourquoi, cela ne pourrait-il être moi ? Je ne suis pas si moche que ça... Tu me l'as fait remarquer il n'y a pas dix minutes. Puis ce qui s'est passé remonte à des années, je ne vais pas m'empêcher de vivre à cause de cela. Tout le monde a le droit à une seconde chance...

     

    Soudain Ryder vit rouge et s'emporta.

    - Tu ne peux pas être amoureuse de ce mec ! Il t'a fait trop de mal durant toutes ces années ! Tu ne peux pas être aussi inconsciente pour vouloir lui tendre un bâton pour qu'il puisse te battre avec ! Tu sais bien que c'est un coureur de jupons. Dès qu'il t'aura mise dans son lit, il te quittera, te laissant juste tes yeux pour pleurer...

    - Mais je rêve ou tu me fais une scène de jalousie ? Le coupa-t-elle éberluée, tout en haussant le ton. Je te préviens Ryder Collins, je ne supporterais pas que tu me manques de respect ! Continua-t-elle en le montrant du doigt. A quoi ça rime ? Tu ne vas pas me dire maintenant que tu as des sentiments pour moi ? Alors que tu m'exhortes à sortir avec d'autres hommes depuis des années et que tu m'as toujours considérée comme une petite soeur, mignonne mais pas suffisamment digne pour en faire une petite amie...

     

     - C'est trop facile, Ryd ! Finit-elle par murmurer, peinée. J'ai été amoureuse de toi pendant des années. Je ne rêvais que d'être ta petite amie, mais tu ne m'as jamais regarder de la même façon que tu regardais certaines filles... 

     

     - Je suis désolé Adi... Je ne savais pas... Moi, tout ce que je voyais, c'est que tu souffrais tellement par la faute de cet hurluberlu, que tu donnais tellement d'importance à cette farce de mauvais goût... J'ai toujours pensé que tu l'aimais, même sans en avoir conscience... Puis il a mal tourné, il s'est mis à sortir avec toutes sortes de femmes. Ce n'est plus quelqu'un de bien, en présumant qu'il l'ait été un jour...

     

    - ... Tu dois donc cesser tout commerce avec lui avant qu'il ne soit trop tard. Sinon il aura tôt fait de t'embobiner dans ses combines ! L'avertit-il en levant le doigt pour appuyer ses dires. Il ne t'arrive pas à la cheville. Ce que tu as de mieux à faire, c'est de l'appeler le plus rapidement possible, afin de l'envoyer au diable.

    Adeline serrait les points en écoutant Ryder lui édicter ce qu'elle devrait faire selon lui. Plus elle l'écoutait, plus elle se rendait compte qu'elle ne le connaissait pas vraiment. Elle ne lui avait jamais connu ce côté manipulo-possessif. Ce qui la navrait le plus, dans toute cette histoire, c'est de découvrir qu'elle avait vécu jusqu'à présent dans sa bulle sans prendre réellement conscience de ceux qui l'entouraient.

     

    - Adi ! S'écria alors Ryder. Allo la lune, ici la terre. Tu ne m'écoutes pas. Cela fait plaisir ! Je te conseilles et toi, tu rêvasses ! Il va falloir que tu te réveilles ! Je suis enfin là pour toi, maintenant que tu t'es enfin ouverte sur tes sentiments, nous allons fonder une famille loin de ces ma-tu-vus de Saint-Louis...

     

    - Euh, Ryd ? Je suis navrée de te décevoir, mais il me semble que tu n'as pas compris. Je ne t'aime pas. J'ai eu des sentiments pour toi par le passé mais aujourd'hui, ils se sont éteints. Je ne te considère plus que comme un frère...

    - Comme tu n'en as apparemment rien à faire de moi et de ce que je pense, tu connais la sortie, je ne te retiens pas.

    Venant de se faire signifier son renvoi sans ménagement, Adeline s'évertua à garder son calme alors que Ryder gagnait l'étage, indifférent à sa présence. Leur amitié ne pouvait se terminer ainsi, pas comme ça...

     

    Légèrement sous pression, telle une cocotte-minute sur le point d'exploser, mais suffisamment maîtresse de ses émotions, elle rejoignit Ryder en haut des marches. Elle était déterminée à ne pas se laisser dicter sa conduite, ne serait-ce que par lui.

     

    S'ensuivit alors une longue discussion lors de laquelle Adeline imposa sont point de vue en douceur mais fermeté. A force de patience, elle réussit à désamorcer son irritation. Elle lui fit comprendre qu'elle ne désirait pas perdre une amitié aussi vieille que la leur, qu'il serait dommage d'en rester là, du jour au lendemain après autant d'années sans nuages. Qu'en ce qui concernait sa vie, il n'avait aucun droit de la lui dicter, juste de la conseiller et la soutenir dans ses choix.

     

    Elle réussit à le remettre d'aplomb, de main de maître. Il la félicita d'ailleurs à ce sujet, lui faisant valoir qu'elle était devenue une femme. Il la rassura toutefois sur ses intentions amicales sans lui promettre de ne pas tenter de la conquérir.

     

    - Ryder, je t'aime beaucoup. Tu as toujours été là pour moi dans les moments difficiles par le passé. Malgré mon aveuglement de l'époque sur mes sentiments réels, je ne souhaite pas perdre ton amitié quoi qu'il se passe entre Garrett et moi. Je ne suis pas sûre, un jour de partager tes sentiments, tu comprends ?

    - T'inquiètes pas Adi. J'ai dit que j'essaierai de te conquérir, pas que j'y passerai ma vie ou que je te harcèlerai à ce propos. Plaisanta-t-il.

     

     Il commençait à se faire tard. A nouveau bons amis, ils se s'enlacèrent pour se dire au revoir. Cette soirée avait été riche en émotions, pour l'un comme pour l'autre.

     

    Sur le chemin de retour, Adeline se sentait plus légère. Elle était plus sereine suite à cette mise au point avec Ryder. Elle y voyait plus clair en elle. 

     

    Bien qu'elle soit crevée, elle finit de planter les nouvelles graines achetées le matin même afin de diversifier son potager. Puis elle les arrosa en sifflotant un petit air joyeux. Elle ne savait pas ce que serait son avenir mais elle ne se mentait plus sur ce qu'elle ressentait vraiment.

     

    Après cette journée riche en émotions, elle s'endormit sitôt qu'elle posa la tête sur l'oreiller. Tout en s'endormant, elle songea qu'il lui faudrait bientôt songer à changer son lit, voire sa chambre. Commencer enfin à s'installer correctement et prendre possession de sa maison qu'elle avait délaissée jusqu'à présent. Elle avait vraiment hâte de s'y atteler avec Aïlys...

     


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