• Cela faisait maintenant quelques jours qu'Adeline n'avait reçu aucune nouvelle de Garrett. Il aurait tout aussi bien pu être chauffagiste, tellement il s'y entendait pour souffler le chaud et le froid sur ses sentiments. Elle était réellement déboussolée, ne savait plus où elle en était. 

     

    - Tu n'aimes plus la salade ? C'est pourtant toi qui l'a cuisinée. Puis qu'est-ce que cette tête d'enterrement que tu tires depuis cette fameuse soirée ? Une de tes connaissances est morte ? Il me semblait que tu avais pris des résolutions. Même si tu continues de travailler, je ne te vois plus sourire et tu arbores une mine sombre à longueur de journée...

    - Désolée Aï mais en ce moment ce n'est pas la grande forme. Je ne sais plus où j'en suis. Si tu veux bien m'excuser, je monte prendre ma douche... J'aimerai finir un travail avant de partir bosser...

     

    Alors qu'Adeline prenait sa douche, Aï, inquiète la surveillait sans se faire voir. Elle s'inquiétait de voir son amie dans cet état. Jamais, même lors des moments les plus sombres de son existence, elle n'avait perdu son sourire et sa joie de vivre. Elle était de la race des optimistes qui croyait que le lendemain était un autre jour et qu'il ne pouvait qu'être meilleur...

     

     Après en avoir terminé avec sa toilette, Adeline s'installa devant son ordi afin d'effectuer les dernières recherches demandées par son boss.

     

    - Excuse-moi de te déranger Adi, mais j'aimerai te faire part de mon inquiétude... L'interrompit Aïlys. Ce comportement ne te ressemble guère...

    - Je sais, mais crois-moi, j'en suis la première navrée. Je n'y peux rien tout simplement. J'ai pris conscience de certaines choses et je me sens comme vidée de l'intérieur, fatiguée... Si tu veux bien, nous reprendrons cette conversation plus tard. Je dois terminer, tu comprends ? Ne m'en veux pas. Puis, ne te fais pas trop de mauvais sang à mon sujet. Juste une mauvaise période à passer...

     

    Sans plus lui prêter d'attention, Adeline se remit à tapoter son clavier avec un léger sourire, empreint de tristesse. Aïlys, malgré les paroles de son amie ne savait trop à quel seing se vouer.

    "De quoi avait-elle pris conscience ? De son amour pour Garrett ? Dans ce cas, pourquoi, n'en était-elle pas plus heureuse ? Garrett l'aimait depuis tant d'années. Bon, il s'était un peu perdu en route sous l'influence de sa soeur, puis du caractère bien trempé de sa chère Adi... Mais qu'importe. A moins que cela ne soit autre chose..." se demandait-elle en se triturant les méninges.

     

     En sortant des bâtiments Sims ReadBooks après une journée particulièrement stressante, Adeline, sur un coup de tête, décida d'aller débusquer l'homme de ses pensées. Elle se précipita pour ne pas rater la navette maritime qui allait la mener à l'autre bout de la ville. Arrivée à destination, elle sonna. Personne ne répondit. Elle rebroussait chemin, quand elle le croisa en route. Quand ses yeux croisèrent les siens, elle ne put s'empêcher de sourire malgré elle, tellement il lui avait manqué. 

    - Princesse ! Quelle heureuse surprise de te trouver à ma porte...

     

     - Tu ne vas pas commencer avec tes paroles mielleuses et salamalecs ! L'interrompit-elle soudain énervée par son hypocrisie.

    - A ce que je vois, tu es toujours énervée contre moi... J'aurai espéré qu'après l'autre soir, tu te serais ne serait-ce qu'un peu radoucie à mon encontre...

     

    Adeline fut alors prise d'un mal de crâne, découragée par l'égo surdimensionné de cet homme qu'elle pensait sans foi ni loi. Se prenant la tête dans les mains, elle ne put voir la fatigue de Garrett à ce moment-là qui n'en menait pas large de son côté non plus...

     

    - Adi, je ne comprends pas. Je pensais m'être expliqué l'autre soir... Je pensais apparemment, à tord, que nous étions passé à autre chose...

     

     - Tu pensais ? Le coupa-t-elle, énervée. Et bien saches que je ne suis pas à ta disposition. Je ne suis pas un béni-oui-oui qui change d'avis sous un prétexte quelconque...

     

    Garrett, face à Adeline, arrivait à en perdre son latin. Il ne voyait pas où elle voulait en venir. Il désespérait de la conquérir un jour.

    - Princesse, je ne vois pas ce que tu me reproches ni ce que ta façon d'être vient faire là... Il ne put terminer sa phrase une fois encore.

     

    - Ah non ? Manquerais-tu donc de perspicacité à ce point ?... Monsieur se prétend amoureux fou, joue les jolis coeur et ne donne aucune nouvelle pendant des jours...

    Garrett n'en revenait pas, son Adi était tout bonnement en train de lui faire une scène de son manque d'empressement. N'osant trop y croire, sous peine d'être encore déçu, il répliqua tout de même.

    - Dois-je comprendre Princesse que je t'ai manqué ?  Si je m'étais pointé chez toi, que tu m'aurais ouvert, que tu aurais répondu à mes appels ?... Dois-je te rappeler que c'est toi qui m'as laissé sans un mot ce fameux soir. Qu'aurais-je du comprendre, selon toi ? Tu as fui comme une voleuse...

     

    - Si tu es trop bête pour le deviner, que tu ne sais point lire entre les lignes, je ne vois pas ce que je fais ici. Ce n'est pas à moi de te donner des réponses qui me semblent pourtant évidentes. Quand tu sauras ce que je veux dire, et si tu étais sérieux quand tu as prétendu m'aimer, la réponse s'imposera d'elle-même.

    Puis sans un mot de plus, elle le planta une fois de plus, seul avec ses interrogations.

     

     Une fois rentrée, Adeline se prépara à manger une petite salade de jardin, du potager qu'elle avait planté récemment. Elle avait décidé de perdre du poids car elle se trouvait vraiment trop grosse. Tout en mangeant, elle se disait qu'Aïlys devait être sortie. Elle ne lui avait, en effet, pas répondu quand elle l'avait appelée à son retour ni donné signe de vie depuis. Elle finissait de manger quand le téléphone sonna. Espérant que ce fusse Garrett, elle décrocha sans faire attention au numéro qui s'affichait.

     

     - Adi ? C'est Ryd ! Je suis désolé de te déranger mais faut que je te parles. C'est important. Tu peux me rejoindre chez moi dans une heure ?

    Adeline, en entendant sa voix fut déçue, elle qui aurait sauté de joie quelques temps auparavant, n'en éprouvait plus qu'un banal intérêt amical. Elle allait répondre quand elle entendit la tonalité comme quoi il avait raccroché.

     

     Il ne lui fallut pas plus d'une heure pour se doucher et changer. Quand elle arriva chez son ami et voisin, elle avait tout juste 5 minutes de retard. Il habitait la maison juste à gauche de la sienne. Elle toqua à la porte. Il lui répondit que c'était ouvert.

     

    - Salut Princesse. Merci d'être venue. L'accueilla-t-il avec un sourire. Tu es vraiment toute jolie ce soir, dis-moi !

    - Merci Ryd. Mais si tu veux bien, j'aimerai que tu cesses de m'appeler par ce surnom qui n'a pas lieu d'être et m'horripile.

     

    - Puis si tu pouvais en venir au fait, je tombe de fatigue. J'ai eu une journée fatigante, j'aimerai donc ne pas me coucher trop tard. Surtout que j'ai encore quelques petites choses à régler avant de pouvoir aller au lit...

     

     - T'inquiètes pas. Je voulais juste te tenir au courant de ce que l'on m'avait rapporté. C'est à mourir de rire, tu verras. Puis comme cela faisait un moment que nous ne nous sommes pas vus. Je me suis dis Ryd, autant joindre l'utile à l'agréable... Pour tout te dire, il paraîtrait que notre cher Garrett ait une nouvelle conquête ! Il aura mis un peu plus de temps cette fois, mais il aurait déniché une fille qui te ressemblerait à s'y méprendre, d'après mon ami...

     

    A ces mots, Adeline explosa, à la grande surprise de Ryder.

    - C'est pas possible ! Les gens n'ont rien d'autre à faire que de se mêler de la vie privée des autres ! Ils doivent s'ennuyer à mourir dans leur quotidien s'ils se mettent à colporter ainsi des ragots...

     

    - ... On ne peut rien faire sans que tout le monde soit au courant ! Vraiment...

    A ces derniers mots qu'Adeline prononça, Ryder sentit comme une flèche lui transpercer le coeur. Il n'entendait plus ce qu'elle disait, perdu qu'il était dans ses pensées. Il ne comprenait pas la colère de son amie, à moins qu'elle ne se soit laissée prendre... Et pourquoi le fait de l'imaginer avec Garrett lui faisait-il autant de mal ?

     

     - Ôtes-moi d'un doute, tu n'es pas sorti avec Garrett ? Pas toi ? C'est impossible ! Pas après tout ce qu'il t'a fait... l'interrompit-il dans son monologue.

    - Pourquoi, cela ne pourrait-il être moi ? Je ne suis pas si moche que ça... Tu me l'as fait remarquer il n'y a pas dix minutes. Puis ce qui s'est passé remonte à des années, je ne vais pas m'empêcher de vivre à cause de cela. Tout le monde a le droit à une seconde chance...

     

    Soudain Ryder vit rouge et s'emporta.

    - Tu ne peux pas être amoureuse de ce mec ! Il t'a fait trop de mal durant toutes ces années ! Tu ne peux pas être aussi inconsciente pour vouloir lui tendre un bâton pour qu'il puisse te battre avec ! Tu sais bien que c'est un coureur de jupons. Dès qu'il t'aura mise dans son lit, il te quittera, te laissant juste tes yeux pour pleurer...

    - Mais je rêve ou tu me fais une scène de jalousie ? Le coupa-t-elle éberluée, tout en haussant le ton. Je te préviens Ryder Collins, je ne supporterais pas que tu me manques de respect ! Continua-t-elle en le montrant du doigt. A quoi ça rime ? Tu ne vas pas me dire maintenant que tu as des sentiments pour moi ? Alors que tu m'exhortes à sortir avec d'autres hommes depuis des années et que tu m'as toujours considérée comme une petite soeur, mignonne mais pas suffisamment digne pour en faire une petite amie...

     

     - C'est trop facile, Ryd ! Finit-elle par murmurer, peinée. J'ai été amoureuse de toi pendant des années. Je ne rêvais que d'être ta petite amie, mais tu ne m'as jamais regarder de la même façon que tu regardais certaines filles... 

     

     - Je suis désolé Adi... Je ne savais pas... Moi, tout ce que je voyais, c'est que tu souffrais tellement par la faute de cet hurluberlu, que tu donnais tellement d'importance à cette farce de mauvais goût... J'ai toujours pensé que tu l'aimais, même sans en avoir conscience... Puis il a mal tourné, il s'est mis à sortir avec toutes sortes de femmes. Ce n'est plus quelqu'un de bien, en présumant qu'il l'ait été un jour...

     

    - ... Tu dois donc cesser tout commerce avec lui avant qu'il ne soit trop tard. Sinon il aura tôt fait de t'embobiner dans ses combines ! L'avertit-il en levant le doigt pour appuyer ses dires. Il ne t'arrive pas à la cheville. Ce que tu as de mieux à faire, c'est de l'appeler le plus rapidement possible, afin de l'envoyer au diable.

    Adeline serrait les points en écoutant Ryder lui édicter ce qu'elle devrait faire selon lui. Plus elle l'écoutait, plus elle se rendait compte qu'elle ne le connaissait pas vraiment. Elle ne lui avait jamais connu ce côté manipulo-possessif. Ce qui la navrait le plus, dans toute cette histoire, c'est de découvrir qu'elle avait vécu jusqu'à présent dans sa bulle sans prendre réellement conscience de ceux qui l'entouraient.

     

    - Adi ! S'écria alors Ryder. Allo la lune, ici la terre. Tu ne m'écoutes pas. Cela fait plaisir ! Je te conseilles et toi, tu rêvasses ! Il va falloir que tu te réveilles ! Je suis enfin là pour toi, maintenant que tu t'es enfin ouverte sur tes sentiments, nous allons fonder une famille loin de ces ma-tu-vus de Saint-Louis...

     

    - Euh, Ryd ? Je suis navrée de te décevoir, mais il me semble que tu n'as pas compris. Je ne t'aime pas. J'ai eu des sentiments pour toi par le passé mais aujourd'hui, ils se sont éteints. Je ne te considère plus que comme un frère...

    - Comme tu n'en as apparemment rien à faire de moi et de ce que je pense, tu connais la sortie, je ne te retiens pas.

    Venant de se faire signifier son renvoi sans ménagement, Adeline s'évertua à garder son calme alors que Ryder gagnait l'étage, indifférent à sa présence. Leur amitié ne pouvait se terminer ainsi, pas comme ça...

     

    Légèrement sous pression, telle une cocotte-minute sur le point d'exploser, mais suffisamment maîtresse de ses émotions, elle rejoignit Ryder en haut des marches. Elle était déterminée à ne pas se laisser dicter sa conduite, ne serait-ce que par lui.

     

    S'ensuivit alors une longue discussion lors de laquelle Adeline imposa sont point de vue en douceur mais fermeté. A force de patience, elle réussit à désamorcer son irritation. Elle lui fit comprendre qu'elle ne désirait pas perdre une amitié aussi vieille que la leur, qu'il serait dommage d'en rester là, du jour au lendemain après autant d'années sans nuages. Qu'en ce qui concernait sa vie, il n'avait aucun droit de la lui dicter, juste de la conseiller et la soutenir dans ses choix.

     

    Elle réussit à le remettre d'aplomb, de main de maître. Il la félicita d'ailleurs à ce sujet, lui faisant valoir qu'elle était devenue une femme. Il la rassura toutefois sur ses intentions amicales sans lui promettre de ne pas tenter de la conquérir.

     

    - Ryder, je t'aime beaucoup. Tu as toujours été là pour moi dans les moments difficiles par le passé. Malgré mon aveuglement de l'époque sur mes sentiments réels, je ne souhaite pas perdre ton amitié quoi qu'il se passe entre Garrett et moi. Je ne suis pas sûre, un jour de partager tes sentiments, tu comprends ?

    - T'inquiètes pas Adi. J'ai dit que j'essaierai de te conquérir, pas que j'y passerai ma vie ou que je te harcèlerai à ce propos. Plaisanta-t-il.

     

     Il commençait à se faire tard. A nouveau bons amis, ils se s'enlacèrent pour se dire au revoir. Cette soirée avait été riche en émotions, pour l'un comme pour l'autre.

     

    Sur le chemin de retour, Adeline se sentait plus légère. Elle était plus sereine suite à cette mise au point avec Ryder. Elle y voyait plus clair en elle. 

     

    Bien qu'elle soit crevée, elle finit de planter les nouvelles graines achetées le matin même afin de diversifier son potager. Puis elle les arrosa en sifflotant un petit air joyeux. Elle ne savait pas ce que serait son avenir mais elle ne se mentait plus sur ce qu'elle ressentait vraiment.

     

    Après cette journée riche en émotions, elle s'endormit sitôt qu'elle posa la tête sur l'oreiller. Tout en s'endormant, elle songea qu'il lui faudrait bientôt songer à changer son lit, voire sa chambre. Commencer enfin à s'installer correctement et prendre possession de sa maison qu'elle avait délaissée jusqu'à présent. Elle avait vraiment hâte de s'y atteler avec Aïlys...

     


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