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    L'aube pointait à l'horizon. Adeline avait enfin réussi à s'endormir après une nuit assez agitée, pendant laquelle elle n'avait cessé de se retourner, revivant en rêve son cauchemar le plus intime...

     

    Encore à moitié dans les vapes, elle s'était mise à table devant son petit déjeuner, s'inquiétant toujours de l'absence de son amie et confidente de toujours dont elle n'avait eu aucune nouvelle depuis presque deux jours. Deux longues journées qu'elle avait mises à profit pour s'occuper à commencer le déballage de ses cartons et aménager un peu son intérieur... Elle était loin d'en avoir terminé, mais le coeur n'y était pas, plus...

     

    Après sa douche, toujours inquiète, elle tenta de se changer les idées en regardant un soap quelconque à la télé. Peine perdue, car ses pensées dérivèrent au bout de quelques minutes. Elle regrettait tellement son caractère impulsif qui l'avait peut-être, à tout jamais brouillée avec Aï.

    "Que vais-je devenir si elle ne revient pas ?" se lamentait-elle, perdue.

     

     Une heure plus tard, dans le centre de Windenburg, une petite curieuse observait de sa cachette au dessus des toits, l'ouverture des commerces de la place, bien qu'il n'y eut pas encore beaucoup de passages à cette heure matinale.

     

    Cela faisait un petit moment déjà qu'Aïlys s'ennuyait ferme devant l'absence d'animation, la place déserte... Soudain son regard fut attiré par une petite tâche rouge mouvante, se déplaçant au niveau de la bibliothèque. Intriguée, elle la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle pénètre à l'intérieur du bâtiment.

    "Il m'a semblé que c'était Adi... Cette tête de mule aurait-elle de nouvelles recherches à effectuer ? Punaise, quand va-t-elle enfin ouvrir les yeux et cesser de s'aplatir devant son énergumène de patron ?.... Dois-je la rejoindre maintenant ou la laisser encore un moment baigner dans sa culpabilité ?" s'interrogea-t-elle

     

    Elle hésita deux micro-secondes, avant de se décider à rattraper son amie. Quand elle la rejoignit, elle atteignait juste l'étage. Elle l'interpella de manière à ce qu'il n'y ait qu'elle qui l'entende. 

    - Adi ! Attend moi, s'il te plait...

    A ces mots, Adeline se retourna avec un pauvre sourire, n'osant croire qu'Aï pouvait être de retour.

    - Aï, c'est toi ? Tu es là enfin ? Si tu savais... Tu m'as tellement manqué,  je suis désolée de t'avoir aussi mal parlé l'autre jour. Tu veux bien me pardonner ?

    - Ralalah ! Tu es vraiment bête par moments !  Bien sûr que oui, Miss Guimauve !...

    - Aï ! Tu le fais exprès ! s'exclama Adeline. Tu sais bien que j'exècre ce surnom.

     

     Après quelques minutes d'explications, Adeline trouva un ordinateur de libre puis se mit au travail avec un entrain renouvelé. Sa meilleure amie était revenue... La recherche que lui avait demandée son employeur lui pris deux heures de sa matinée de congés. Elle décida alors de s'entraîner à l'écriture afin de perfectionner son style.

     

     Midi sonna. Adeline et Aïlys rentrèrent déjeuner chez elles. Tandis qu'Adi filait faire l'inventaire du frigo dans la cuisine, Aï fit le tour des lieux afin de voir les changements apportés par son amie à leur intérieur.

     

    Alors qu'elle commençait à mettre le repas à chauffer, Adeline fut rejointe par son amie qui affichait un air sceptique, à son grand déplaisir.

    - Te fatigue pas Aï, je sais que j'ai rien fait pendant ces derniers jours à part m'apitoyer sur mon sort... Inutile d'user ta salive...

    - Adi ! Ce n'est pas ce que j'allais te dire ! Je sais que j'y suis aussi pour quelque chose... Si tu veux bien, nous terminerons ensemble. J'avancerai, dans le cas contraire, pendant que tu seras au travail.

    - Merci. Tu es vraiment la meilleure...

     

     Alors qu'elle remuait ses pâtes, Adi laissa ses pensées vagabonder. Elle espérait pouvoir s'améliorer rapidement aussi en cuisine afin d'impressionner Ryder qui avait bon appétit. Elle espérait par ce biais pouvoir gagner l'accès à son coeur, lui qui ne la considérait que comme une petite soeur...

    Le repas se déroula dans la bonne humeur même si Aïlys ne résista pas au plaisir de taquiner la jeune femme sur ses amours.

     

     Une fois la table débarrassée, elles firent un saut à la salle de sport où Adeline testa pour la première fois un tapis de course, sous les yeux hilares de sa comparse qui tentait de l'encourager. Elle était tellement concentrée sur sa tâche, à essayer de ne pas se casser la figure, qu'elle ne vit pas l'instructeur de la salle s'arrêter derrière elle. Un beau gosse au demeurant.

     

     - Adi ! Te retourne surtout pas ! lui chuchota Aïlys à l'oreille. Ou sois discrète pour une fois,beau gosse à 3h. il arrête pas de te mater depuis tout à l'heure...

    - Aï ! rétorqua Adeline les dents serrées, peinant à se maintenir à bonne vitesse. Il doit tout simplement se dire que pour une grosse baleine dans mon genre, c'est peine perdue de vouloir tenter l'impossible comme vouloir perdre du poids...

    Elle n'eut pas le temps de terminer, qu'épuisée elle se sentit aspirée par la traction du tapis roulant et se retrouva aux pieds de Don, qui l'aida très gentiment à se relever en lui conseillant de ne pas trop forcer le premier jour mais de procéder par un étapes....

    Une fois qu'elles se retrouvèrent seules, Aï appuya les paroles du Playboy.

    - Tu devrais l'écouter, même si tu crois t'être ridiculisée...

     

    - Bonjour mademoiselle. J'ai assisté à votre chute puis malencontreusement entendu les conseils avisés que vous a prodigués notre cher Don. J'espère que vous allez bien ? Ne le prenez pas mal, enfin je veux dire ne prenez pas ombrage du fait que je me permette à l'instar de Don, de vous conseiller de faire vraiment très attention les premiers jours. Moi même, j'ai rencontré des difficultés similaire après avoir accouché de mon petit dernier... J'avais pris beaucoup de poids, à tel point que nous pensions, mon mari et moi, attendre des jumeaux. Enfin, là n'est pas le sujet. Je vous laisse, je m'en voudrai de vous déranger plus longtemps. Ne perdez pas espoir. Si j'ai pu le faire...

     

     - Adi !... Adi !...

    - ....

    - A.D.I ! Tu rêves ? C'est pas le moment d"être perdue dans tes pensées ! Dis quelque chose à cette gentille dame qui est venue si gentiment t'encourager dans ton entreprise !...

     

    - Ne vous inquiétez pas pour cela, Madame. Je vous remercie de votre chaleureux conseil, que je vais mettre à éxécution. Je me présente, je m'appelle Adeline, mais mes amis me surnomment Adi. Je viens d'emménager dans cette grande ville et je ne connais encore pratiquement personne...

    - Enchantée de vous connaître. Lui répondit l'inconnue qui était sur le point de partir. Je ne peux faire autrement que me présenter à mon tour. Je m'appelle Sonia et n'ai malheureusement pas de surnom, à part peut-être ceux que me donnent mon mari et mes enfants. essaya-t-elle de plaisanter. J'habite Willow Creek. Je ne connais pas grand monde non plus et n'ai pas de véritables amis...

    - J'en suis vraiment désolée pour vous ...  Nous pouvons être amies si vous le désirez... Cela me ferait très plaisir. Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous venez faire votre sport ici, alors que Willow Creek possède ses propres installations...

    - C'est tout à fait exact, mais cela reste un village, attaché à ses traditions et leur salle ne possède pas le matériel qu'on trouve ici, ni de piscine... Je suis désolée, mais je dois vous laisser, je suis attendue. Je vous dis à très bientôt.

     

    Rentrée chez elle, Adeline monta se doucher. Elle désirait faire un tour à la boîte de nuit de la ville, afin d'y passer un moment de détente dont elle avait bien besoin mais surtout de danser pour décompresser et oublier les soucis de ces derniers temps...

     

    Habillée de pied en cap, elle s'aperçut que Ryder lui avait laissé un message. Curieuse de savoir ce qu'il lui voulait car il n'avait rien mis qui puisses la mettre sur la voie, elle le rappela. Le téléphone émit quelques sonneries avant qu'elle n'arrive à joindre son correspondant.

     

    - Hello ma princesse ! Je suis heureux que tu me rappelles. J'espère que je ne t'ai pas dérangé en pleine soirée romantique ! la taquina le jeune homme.

    - Ryder ! Veux-tu cesser tes bêtises, tu sais bien que cela ne m'intéresse pas pour le moment d'avoir un homme dans ma vie. Je veux d'abord....

     

    - Adi... se désola Ryder. Tu sais bien ce que j'en pense. Tu es vraiment incorrigible. Avoir un homme dans ta vie ne te freinerait pas dans tes ambitions professionnelles. Il t'épaulerait et t'apporterait le bonheur auquel tu as droit. Il n'est pas bon que tu restes seule...

    - Je ne suis pas seule Ryd, je t'ai toi...

     

    - Princesse, bien sûr... Mais je ne parle pas de ce genre de relation. Puis je serai vraiment rassuré de te savoir avec quelqu'un de sérieux qui veille sur toi car je ne sais pas combien de temps, je resterai dans le coin. Tu me connais... Bon, je suis près des falaises, il va y avoir une fête du tonnerre, tu me rejoins ? On pourra finir notre discussion sur place...

    - Je suis désolée Ryd, mais j'avais initialement prévu de me rendre à la Discothèque Pan Europa dans le quartier moderne. Tu ne voudrais pas plutôt aller là bas ?

     

    - Non Princesse, pas cette fois. Je rejoins des amis ce soir. Si tu veux, viens nous y retrouver plus tard...

    - Je sais pas, Ryd, vraiment... Je te promets rien. Bonne soirée.

     

     

    Adeline qui s'était fait une joie de sa soirée, était maintenant démotivée, après sa conversation avec celui qu'elle aimait en secret depuis toujours.

    - Adi ! Tu as fini de faire la tête ! On dirait que tu sors d'un enterrement ! Amuses toi un peu, nom de... la sermonna Aïlys. Tu as tout de la vieille fille fatiguée de la vie...

     

    - Merci de la comparaison... Et comme ça, cela conviendrait-il mieux au sens esthétique de la danse de madame ? railla Adeline

    - Oulah ! Te retourne surtout pas ! Big problème à 5h !...

     

    Aïlys n'eut pas le temps d'en dire plus, que Cassiopeïa découvrit la présence d'Adeline.

    - Et Adi ! Bonsoir ! Je ne savais pas que tu venais là ! l'interpella la demi-soeur honnie. 

    - Dis-moi que je rêve Aï ! Ne me dit pas que Cass est ici ! ... 

     

    - Reste calme, surtout ne t'énerve pas. Ignore la.

    - Formidable, il ne manquait plus qu'elle pour faire de ma soirée, un cauchemar. Cela ne pourrait être pire... Si. J'oubliais Garett... Il est pas là, au moins. Je ne me sens pas de le voir pour le moment...

     

    - Vois le côté positif des choses... Au moins tu ne danses plus comme un pied, et on ne dirait plus que tu as un balai dans le... tenta de plaisanter Aïlys afin d'alléger l'atmosphère pesante.

     

     - Mais où vas-tu ? s'inquiéta-t-elle en voyant son amie quitter la piste.

    - Je sors, je ne m'amuse pas. Inutile de rester plus longtemps.

    Sur ces derniers mots lâchés à Aïlys, Adeline de dirigea vers la sortie, passant devant Cassiopeïa, l'ignorant avec superbe.

    - Tu t'en vas déjà ? Tu ne veux pas rester un moment qu'on puisse enfin discuter sérieusement toutes les deux ? lui dit cette dernière alors qu'elle entamait la montée des escaliers.

    Adeline fit comme si elle avait rien entendu et quitta l'établissement. Une fois dehors, elle inspira une grande goulée d'air frais.

     

    Elle avisa un chevalet non loin de là. L'envie soudaine de peindre une toile la prit soudain. Cela faisait déjà un petit moment qu'elle peignait quand Aïlys la rejoignit.

    - Tu aurais tout de même pu m'attendre ! lui reprocha-t-elle

    - Désolée, Aï. Je n'en avais pas le courage...

    - N'en parlons plus... Mais dis-moi, c'est vraiment pas mal ce que tu fais là... Si cela ne marchait pas en tant qu'écrivain, tu pourrais certainement te reconvertir en tant que peintre...

    - Non, tu sais bien que cela n'est qu'un passe-temps comme un autre pour moi.

    Le temps que son amie termine sa toile, Aïlys ne dit plus un mot, se contentant de la regarder dans son loisir créatif et n'en pensant pas moins. Elle espérait réellement qu'Adeline grandisse enfin, prenne conscience des choses telles qu'elles étaient devenues, sans prendre en compte le ressentiment du passé qui faussait son jugement dans ses relations actuelles.

     

    Une heure plus tard, elles étaient rentrées. Aïlys était partie se coucher dans un recoin de la chambre, tandis qu'Adeline tentait vainement de s'intéresser au livre qu'elle avait en main. Tellement de choses lui encombraient l'esprit. Tellement de questions sans réponse...

     

    Reposant finalement son livre sur la caisse lui servant de table de chevet, elle se posta devant le miroir et tenta un pauvre sourire qui s'élargit à la vue de son reflet.

    - Alors jeune dame, ne faites pas cette tête d'enterrement... se dit-elle à elle même.

     

    - C'est que ma vie ici est loin de ressembler à celle que je pensais avoir... murmura-t-elle, le moment d'euphorie étant passé.

     

    - Ryder me considère toujours comme sa petite soeur, il ne voit pas combien je l'aime depuis toutes ces années... Je suis invisible à ses yeux. Il me considère toujours comme une petite fille et minimise le mal que m'ont fait Garrett et Cass. Il aimerait que je passe à autre chose mais il m'est impossible d'oublier le mal que m'a fait Garrett en se rendant complice de sa soeur depuis que je suis arrivée chez eux. Puis que dire qu'il m'ai fait croire être amoureux de moi après ce fameux baiser volé. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à oublier le trouble qui m'a habitée alors ? Est-ce parce que j'étais jeune et impressionnable ? Ressentirai-je la même chose si Ryder m'embrassait enfin ?... Bon, faut que j'arrête de me poser ces questions. Voyons, ils n'est que minuit et demi... Aller, allons voir si Ryder est toujours à sa fête.

     

    Adeline arriva sur les lieux à une heure du matin. Ne voyant son ami nulle part, elle se mit à danser au milieu des autres, tentant de se vider la tête, surtout que la musique était bonne.

     

    Cela ne l'empêchait pas pour autant de jeter un oeil de temps en temps afin de vérifier s'il n'était pas arrivé.

     

    Le morceau changea. Le DJ passait sa chanson préférée. Elle se laissa emporter par le rythme de la musique, ne pensant enfin plus à rien...

     

    Quelques minutes plus tard, Ryder, sur le point de rejoindre la piste de danse, aperçut avec surprise son amie se déhancher sur la piste de danse. Elle ne le vit pas. Il décida de la laisser s'amuser un peu. Il n'était pas d'humeur à avoir une discussion avec elle pour le moment.

     

    Adeline rentra à 3h du matin. Elle se coucha direct et s'endormit aussitôt, epuisée tant physiquement que moralement, sans penser à mettre son réveil.


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